samedi 28 février 2009

Les talents vénézuéliens

De temps en temps je me sens très fier d’être vénézuélienne. Et ça a été le cas le jour de l’investiture d'Obama. Pas pour des raisons politiques, simplement parce que juste avant du discours du nouveau président, il y a eu un quartor qui a joué une pièce de musique. Au violoncelle il y avait Yo-Yo Ma, au violon Itzhak Perlman et au piano Gabriela Montero, une vénézuélienne. Y jouer est une reconnaissance à son immense talent. La nouvelle est passée presque inaperçue chez nous et en France.

Évidemment, elle n’habite plus au Venezuela depuis longtemps, elle a la nationalité américaine et elle n’était presque pas formée chez nous, mais dans beaucoup de ses récitals, elle joue de la musique vénézuélienne. Et même dans les disques d’improvisation qu’elle a enregistrés, il y a des pièces inspirées de la musique vénézuélienne. Et ça fait très plaisir.

J’espère que sa participation dans ce quartor fasse connaître sa musique en France et que sa trajectoire inspire d’autres vénézuéliens à faire des carrières sérieuses dans la musique.

www.gabrielamontero.com

jeudi 26 février 2009

Les enfants de la rue

Je suis en train de lire une biographie* sur un poète vénézuélien du début du vingtième siècle et j’ai y découvert un poème, publié en 1935, dédié aux enfants de la rue :

Niños… ¡Pálidos rostros de niños!
Niños en años, viejos en miseria.
Sin abrigo, sin pan, sin escuela

L'auteur du poème, Antonio Spinetti Dini, parle des enfants que dans la pauvreté du pays vivaient dans la rue, qui étaient des enfants par leur age, mais pleins de misère. Des enfants dépourvus de refuge, de pain et d’école.

En 1935 le pays étais un pays très pauvre. On vivait dans une dictature. La population était touchée par le paludisme. Le pétrole, la principale ressource économique, était donné en concession aux entreprises étrangères, et la plupart de redevances qui recevait le gouvernement engrossent les fortunes des personnalités du régime. Le reste était utilisé pour "instaurer la paix" au pays et prévenir les insubordinations. Mais même dans ce contexte, il y avait déjà des gens qui dénonçaient la pauvreté et les injustices sociales.

Soixante-dix ans ont passé depuis. Entre-temps on a vécu l’instauration de la démocratie (1958), la nationalisation du pétrole (1976) et des époques de grands bénéfices pétroliers. Mais aujourd’hui, après une dizaine des présidences démocratiques, de droite et de gauche, on croise encore plus d’enfants pâles dans la rue, sans refuge, sans pain, sans école.

Le président Chavez a dit en 1998 qu’il ne permettrait pas qu’il ait des enfants qui habitent dans la rue.

* Antonio Spinetti Dini : Eco de su tiempo

mercredi 25 février 2009

Les inégalités sociales. Deuxième partie

Un seul article ne suffit pas pour expliquer les inégalités sociales au Venezuela. Je consacre alors un deuxième pour vous donner quelques exemples plus concrets. D’abord je parlerai de l’éducation universitaire.

Au Venezuela des universités publiques existent. Ils ont beaucoup de défauts, mais de façon générale l’éducation qui y est impartie n’est pas mauvaise. J’ai suivi une, et je pense que ma formation m’a permis de m’en sortir ici et de me comparer avec les gens qui ont la même formation. Mais pour y rentrer il y a des concours. Et la plupart des personnes qui réussissent ces concours sont ceux qui ont eu la chance de pouvoir aller aux écoles privées (car l’éducation publique primaire et secondaire au Venezuela est très mauvaise). La solution de l’actuel gouvernement et simple : au lieu d’améliorer l’éducation primaire et secondaire afin que les gens de toutes les classes sociales puissent réussir les concours, ils décident alors de créer d’autres universités (aussi publiques) dans lequel il n’y aura pas de concours d’entrée. A la fin, il y aura une inégalité en fonction de l’université où on aura étudiée, les bonnes ou les mauvaises.

Mon deuxième exemple concerne le système de santé publique. Si c’est vrai que l’actuel gouvernement a mis en place un système dans lequel des médecins sont installés dans les zones les plus défavorisées, c’est vrai aussi qu’il n’a pas fait grand chose pour améliorer le fonctionnement des hôpitaux publics. Aujourd’hui, les seules personnes soignées au Venezuela sont ceux qui ont suffisamment d’argent pour se payer une clinique privée, ou ceux qui ont épargné tout ça vie, et que dans le besoin vont même hypothéquer sa maison. Et pour être admis dans une clinique privée, il faut présenter soit une mutuelle, soit une carte de crédit, que comme vous pourrez imaginer, la plus part de plus démunies ne possèdent pas.

Alors, depuis 10 ans, on ne fait que diminuer les inégalités ?

dimanche 22 février 2009

Les inégalités sociales

Hier, les journaux vénézuéliens montraient des extraits de la lettre que le président Sarkozy a envoyé au président Chavez en le félicitant pour sa victoire dans le référendum de la semaine dernière. Entre autres, il disait que les 10 premières années du gouvernement de Chavez ont été consacrées à diminuer les inégalités sociales.

Or, des inégalités sociales, il n’y a jamais eu autant. C’est vrai qu’après l’arrivé au pouvoir de l’actuel gouvernement et de son discours, le monde, mais surtout les vénézuéliens ont pris conscience de l’immense pauvreté dans lequel notre pays était et est encore immergé. Les gens qui vivent dans la pauvreté au Venezuela, qui étaient avant complètement oubliés par les gouvernements (autant de gauche que de droite) ont dans le discours de Chavez un soutien. Ils se sentent représentés. Par contre, dans ces actions, ce n’est pas le cas.

On parle maintenant des opposants et des sympathisants du régime. On parle des riches et des pauvres. On n’investit pas dans la qualité de l’éducation publique primaire, alors le seuls qui ont accès à une éducation acceptable sont ceux qui ont un peu d’argent pour payer une école privée à ces enfants. En 2008, l’inflation a atteint le 30%, ce qui touche d’abord aux plus pauvres. L’insécurité a augmenté énormément les dernières années, et ça affecte surtout les quartiers les plus sensibles, car les quartiers riches ont de quoi payer une entreprise de vigilance privée. Tout ça ne fait qu’accroître les inégalités, les gens qui possèdent un peu d’argent pourront toujours s’en sortir, mais les plus pauvres le resteront toujours. Mais ce n'est pas grave, les plus démunies se sentent encore représentés par le discours de Chavez.

jeudi 19 février 2009

Les vrais combattants

Moi aussi j’ai admiré la révolution et le socialisme cubains. On doit dire que c’est quelque chose de très courant en Amérique Latine. J’admirais ces idoles, le combat qu’ils sont livrés contre un gouvernement qui ne faisait qu’accroître la différence entre les classes sociales. J’admirais l’idéal du discours de cette révolution, le système d’éducation, la formation musicale, le système de santé, les grands sportifs. Et puis, j’ai connu des cubains, quelques uns qui, de par ces professions, ont pu quitter légalement le pays (en payant une partie de ses salaires à l’étranger au gouvernent cubain, sous prétexte de contribuer à l’éducation), mais aussi ceux qui ont partie de façon illégal, et qui pour le faire, ont du renoncer à ne jamais revoir ces familles ou l’endroit où ils sont nés.

Et puis, la situation de mon pays a commencé à changer. On vit dans une démocratie dans laquelle on a le droit de s’exprimer, mais des plus en plus des media sont fermés ou décident simplement de ne pas donner d’opinion sur le gouvernement. Une démocratie dans laquelle on a le droit de demander un referendum pour révoquer le mandat du président de la république, mais où une fois qu’on a signé cette pétition, on ne trouve plus de travail. Une démocratie dans laquelle on a le droit des faire des grèves, mais où une fois en grève (dans le secteur public) on est viré. J’admire davantage les musiciens, les sportifs et les médecin cubaines, mais je ne suis pas sur que je serais d’accord à payer un tel prix pour devenir comme eux.

Mais si j’ai commencé ces articles c’est en partie parce que j’ai découvert le blog d’une fille cubaine, qu’en habitant à Cuba a le courage de s’exprimer sur un blog et de montrer la réalité quotidienne de son pays (http://desdecuba.com/generaciony_fr/). Je ne vous apprendre probablement rien, car son blog aujourd’hui est traduit dans 15 langues et elle a même gagné des prix internationaux qu’évidemment elle n’a pas pu recevoir personnellement (faute de permit de sortie). Mais même si son auteur décrit son blog comme un acte de lâcheté car il le permet de dire tout ce que lui est interdit en publique, je pense que c’est un acte de courage.

J’ai me rendu compte (peut être j’aurais préféré rester dans l’ignorance) qu’aujourd’hui les vrais combattants ne sont pas ceux qui se sont caché dans la Sierra Maestra il y a 60 ans pour faire la révolution cubaine, ce sont ceux qui se montrent à la lumière, comme Yoani mais aussi comme beaucoup d’autres, pour dénoncer les régimes qui les oppressent.

mercredi 18 février 2009

La fragilité de la révolution

Dimanche dernier, quand je suis allée voter à l’ambassade du Venezuela à Paris, je me suis demandé pourquoi la révolution de Chavez dépend d’un seul homme, comme semble l’indiquer l’intérêt démesuré du président pour faire passer cet amendement et pouvoir être réélu à nouveau.

En sortant de l’ambassade, j’ai vu un jeune qui, juste avant d’y rentrer, a changé le bonnet noir qu’il portait par une casquette rouge, couleur-symbole de la révolution. Je n’ai pas compris ce geste. Est-ce qu’il avait honte de porter sa casquette rouge en d’hors de l’ambassade ou est-ce qu’il sait que ce symbole ne sert à rien ?

Mais le plus illogique de cette histoire c’est que la casquette portée le logo d’une marque américaine. J’ai ne rien contre le fait d’utiliser ou pas des marques, ça fait partie de la liberté d’expression, mais le fait qu’une personne à Paris porte une casquette qui coûte 1/8 du salaire minimum au Venezuela pour soutenir la révolution socialiste me paraît comme même un peu facile et irréaliste.

Peut-être donc que la fragilité de cette révolution repose sur le manque de conviction de ses sympathisants et sur les incongruités entre ses discours et ses actions.

lundi 16 février 2009

La victoire de pétro-dollars

Et oui, il a gagné. Mais surtout la démocratie a perdu.

C’est la deuxième fois que les vénézuéliens votent pour la même raison. En 2007, cette réforme n’a pas était approuvée. Mais qu’est-ce qui a changé cette fois-ci ?
D’abord, Chavez a dû changer sa stratégie. Il a dû élargir la mesure de réélection illimitée à d’autres postes publiques : maires, gouverneurs, députés. En 2007, la mesure étais seulement destinée au président de la république, ce qui n’a pas plu à beaucoup des ces fiels collaborateurs. Aujourd’hui, chaque un a trouvé un intérêt à que cette reforme soit approuvée.

Puis, il a eu la hausse des prix du pétrole en 2008. Chavez a utilisé cet argent pour faire de la propagande. Dans les rues de Venezuela, on pouvait voir les murs tapissés des affiches en faveurs du « oui », tandis que la propagande pour le « non » était très peu. C’est n’est pas parce que l’opposition n’a pas le droit d’afficher de la propagande, c’est seulement parce que l’opposition ne dispose pas des mêmes moyens financiers, voir l’argent public.

La plus grande ironie, c’est que l’argent qui a servi à Chavez pour gagner cette élection vient en grande partie des Etats-Unis, le plus grand client du Venezuela en matière du pétrole. Précisément contre qui se tient le discours de la révolution.

Aujourd’hui, le Venezuela devient le seul pays de l’Amérique Latine, appart le Cuba, à permettre la réélection illimitée. Même pas le président russe ne l’avait osé.

dimanche 15 février 2009

La réélection indéfinie

Le problème n’est pas de pouvoir réélire le président Chávez indéfiniment, le problème est de pouvoir réélire n’importe quel président indéfiniment. Bolivar, notre héro national que Chávez a pris comme modèle mais que nous étudions à l’école bien avant qu’il n’arrive au pouvoir, a dit dans son discours à Angostura en 1819 : "Rien de plus dangereux que de laisser un citoyen trop longtemps au pouvoir, il s’habitue à gouverner et le peuple s’habitue à l’obéir" C’est la consigne qui a pris l’opposition pour cette élection.

J’imagine la suite. Vous allez me dire que c'était le cas en France jusqu'à il n'y a pas longtemps. J’en suis consciente, mais il y a deux différences fondamentales. La première c’est que vous avez un régime parlementaire. La deuxième, c’est qu’au Venezuela l’argent du pétrole est géré par le gouvernement. Avec la propagande qu’on peut payer avec cet argent, dans un pays où la corruption est très importante, le système de justice ne marche pas et l’éducation n’a jamais était une priorité, n’importe quel président, Chávez ou quelqu'un d'autre, sera réélu à vie.

samedi 14 février 2009

Pourquoi ce blog ?

À la veille du referendum pour l’amendement constitutionnel qui permettra au président vénézuélien Hugo Chávez de pouvoir être réélu à vie, j’ai finalement décidé de commencer ce blog. Je ne cherche pas forcément à émettre une opinion politique, je cherche d’abord à décrire la réalité vénézuélienne, qui est souvent difficile à saisir quand on n’habite pas sur place, et surtout quand les informations disponibles sont très contradictoires en fonction des opinions politiques.

Pourquoi l’écrire en français ? c’est très simple, la plupart des personnes qui parlent espagnol (ma langue maternelle dans laquelle, évidemment, il me serait plus simple d’écrire) connaît déjà cette réalité, ou ils sont capables, si intéressés, de se forger leur propre opinion en lisant les journaux hispanophones. Mon intention est de faire connaître la réalité vénézuélienne aux gens du pays où j’habite maintenant ; vue par quelqu’un que de par ses opinions, a été suivant traité de pas assez contre le gouvernement par ces opposants, et de anti-gouvernement par ses partisans. La réalité est que je fais partie d’une classe salariée vénézuélienne souvent oubliée dans les analyses sur mon pays, mais je fais aussi partie des personnes qui pensent qu’un changement était nécessaire en 1998 quand Chávez est arrivé au pouvoir, mais qui pense qu’un discours socialiste ne suffit pas, qu’il faut faire bouger les choses.

J’espère que cet essai trouvera des lecteurs parmi ceux qui ne se contentent pas de croire tous qu’on dit dans les media.