jeudi 28 mai 2009

Un vrai feuilleton !


Peut-être vous le savez déjà, mais Chavez depuis le début de son gouvernement parle à la télévision tous les dimanches, dans un programme qui s’appelle «Allo Président » dont le record de durée est 8 heures. Dans ce programme, il donne des ordres à ses ministres, il chante, il parle de sa famille et même il vire des gens. Ce programme va avoir 10 ans ce week-end, et pour le fêter, Chavez a annoncé qu’il allait réaliser une émission de 4 jours, qui commence aujourd’hui et qui va durer jusqu’au dimanche. Il a dit que l’émission serait comme un feuilleton avec des chapitres où il parlera du pays, des anciennes émissions, des chefs d’état qui ont été invités, il prendra des décisions, il fera des pauses.

C’est pittoresque si vous voulez, mais c’est grave. Le plus grave, sans compter que le président ne travaille pas (il dit que si parce qu’il prend des décisions en direct sur la télévision) c’est que ce programme passe dans la télévision publique, l’équivalent de France Télévision. Imaginez-vous la répartition du temps de parole ?. Tandis que en ce moment ici pour les élections européennes chaque parti politique a le droit au même temps de publicité sur chaque chaîne, nous au Venezuela on a le droit à notre Président pendant 4 jours. Chavez a bien raison, c’est un vrai feuilleton !

C’est pour des exemples comme celui-là que je trouve un peu contradictoire que ceux qui se plaignent ici de que votre président apparaît trop à la télévision sont, en général, les mêmes qui font l’éloge à Chavez.

lundi 25 mai 2009

En augmentant encore plus le control…

Imaginons qu’en France il y a des élections des figures politiques régionales les plus importantes, les mairies par exemple, et que le parti politique du gouvernement perd les plus importantes, disons Paris, Lyon, Marseille, Toulouse… Alors, le Président de la République en se rendant compte de la perte de pouvoir que cela représente décide de créer une nouvelle figure administrative, qui est nommé directement par le président, qui est juste au-dessus de mairies, mais qui maintenant va administrer l’argent de la mairie et qui va lui prendre ce qui lui corresponde. Une façon de contrôler directement les mairies.

Pensez-vous qu’on accepterait cela en France ? Je pense que non, mais c’est pourtant ce qui arrive au Venezuela.

Il y a quelque mois, il a eu des élections de gouverneurs et des maires au Venezuela, les figures politiques les plus importantes dans les régions. De façon générale, Chavez a gagné la plupart d’entre eux, mais il a perdu quelques-unes des plus importantes comme Maracaibo ou la ville de Caracas qui abrite les bidonvilles les plus pauvres de Venezuela. Alors Chavez, a simplement créé des nouvelles figures administratives au-dessus des premières afin de continuer à contrôler les gouvernements locaux qu’il a perdus pour la voie électorale.

jeudi 21 mai 2009

Un excès de liberté d’expression ?


C’est une des phrases les plus absurdes que j’ai entendu dernièrement dans les infos vénézuéliennes, mais c’est la phrase qui a été prononcée il y a quelques jours par un haut fonctionnaire du gouvernement vénézuélien à propos des médias.

Depuis quelques années la guerre contre les médias au Venezuela prend de l’ampleur. Il y a deux ans, le gouvernement a fermé le signal ouvert de RCTV, la chaîne de télévision la plus ancienne du pays. Maintenant, elle ne peut transmettre que par le câble, c’est-à-dire, pour une petite partie de la population. Aujourd’hui c’est la chaîne d’information « Globovision » qui est visée, sous prétexte d’avoir provoqué la panique dans la population pour avoir informé du séisme qui a eu lieu au centre du pays le 6 mai dernier, avant que le gouvernement l’ait fait.

La vérité est que c’est la seule chaîne de télévision où l’opposition au peut avoir la parole. Depuis quelques années, et surtout après la fermeture de RCTV, le reste des directives des chaînes de télévision privées ont décidé de se taire afin de pouvoir garder ses concessions. Et évidemment, sur les media de l’état (l’équivalent vénézuélien de France télévision), c’est de la propagande du gouvernement qui tourne en boucle, il n’y a aucune représentation de l’opposition. Les lois qui règlent le temps de parole ne sont pas respectées. Alors, Globovision c’est la seule chaîne de télévision gratuite qui empêche encore au gouvernement de contrôler toute l’information au pays et cela est considéré comme un excès de liberté d’expression.

dimanche 17 mai 2009

Le flux migratoire. La direction change


Il y a quelques semaines, j’ai reçu un commentaire d’un français qui est partie il y a 20 ans au Venezuela et qu’y est resté. Il parlait de la gentillesse de son peuple et de comment cela a changé les dernières années. Incités par le discours de l’actuel gouvernement, les vénézuéliens deviennent de plus en plus intolérants vers les autres.

Son commentaire m’a rappelé qu’on était un pays ouvert à l’immigration. Dès début du XX siècle jusqu’à la fin des années soixante-dix, le Venezuela a reçu beaucoup d’immigrés, venant surtout de l’Espagne, l’Italie et le Portugal, et, en Amérique Latine, de la Colombie. C’étais un pays accueillant et plein d’opportunités, où tout le monde pouvait s’intégrer et même faire fortune.

Aujourd’hui, ce sont les enfants et petits-enfants de ces immigrés qui revient sur la terre de leurs parents. Certes, le niveau de vie de ces pays est meilleur aujourd’hui que quand leurs parents sont partis, mais c’est surtout la dégradation de la situation sociale, économique et politique au Venezuela qui fait que l’on devient un pays dont ses citoyens commencent à émigrer. C’est la première fois dans notre histoire que l’immigration se fait dans le sens inverse. Malheureusement, ceci indique les conditions actuelles de notre pays.

mercredi 13 mai 2009

La musique en CDD

Dans un pays où l’on se dit défenseur des droits des plus démunis, on devrait s’attendre à que les travailleurs aient des droits bien reconnus. C’est de moins en moins le cas au Venezuela. Il y a plusieurs exemples, mais je vous parle aujourd’hui d’une situation que des personnes que je connais ont vécu.

À Mérida (ville situé dans une vallée dans la cordillère des Andes) il y une fanfare dépendent du gouvernement local qui joue tous les dimanches après-midi à la place du centre ville. C’est une manifestation assez pittoresque, qui permet de découvrir et d’écouter de la musique à des enfants et à des gens que dans d’autres circonstances n’auraient jamais pu le faire. Dans cette fanfare, les musiciens étaient, jusqu’à il n’y a pas longtemps, embauchés en CDI.

Il y deux ans, sous prétexte d’une restructuration, le gouvernement a proposé aux musiciens de les licencier afin de les embaucher tout suite après en CDD. C’est une façon de diminuer les dépenses, mais en réalité, c’est une façon de contrôler leurs opinions, car ils peuvent êtres licenciés à n’importe quel moment. Les travailleurs n’ont pas eu le choix, ils ont dû accepter car ils avaient peur de perdre leur boulots, mais maintenant ils gagnent moins d’argent et ils sont dans des conditions beaucoup plus précaires. Ceux qui ont osé protester n’ont été jamais repris.

vendredi 8 mai 2009

Le système d’orchestres symphoniques vénézuélien


Il y a quelques jours un lecteur m’a parlé des supposés programmes culturels développés par Chavez au Venezuela. Moi, je n’en connais pas. Par contre, il existe le système d’orchestres symphoniques, un programme qui a été créé en 1975, mais que Chavez aime faire croire que c’est le résultat de sa politique. Depuis sa création, tous les gouvernements l’ont financé et soutenu. Le gouvernement de Chavez l’a fait aussi, car c’est un très bon programme mais aussi parce que c’est un excellent instrument de propagande.

Le système, comme on l’appelle au Venezuela, consiste à créer des écoles de musique et des orchestres symphoniques dans toutes les villes du pays. Dans chaque école, on apprend la musique aux jeunes au même temps qu’ils jouent et grandissent dans l’orchestre. Après 34 ans, le système a formé des excellents musiciens qui jouent partout dans le monde dont l’un des meilleurs exemples est le jeune directeur d’orchestre Gustavo Dudamel, qui dirige en ce moment les plus reconnus orchestres et interprètes dans le monde, ce qui a contribué à faire connaître le programme à l’étranger ces dernières années.

C’est un programme culturel et social extraordinaire qui permet d’apprendre un métier à beaucoup des jeunes que, sans la musique, n’auraient probablement pu rien faire dans la vie. C’est un instrument d’intégration social dans lequel tout le monde se côtoie sans aucune différence de classe. C’est une expérience humaine sans égal.

Pour les intéressés, rendez-vous le 26 juin ou le 23 et 24 octobre à Paris à la salle Pleyel .

mardi 5 mai 2009

La chasse à l’homme. Deuxième partie

Le titre de cette série de posts obéit à la persécution qui a entamé le gouvernement vénézuélien contre Manuel Rosales, un des principaux dirigeants de l’opposition. C’est une véritable chasse à l’homme. D’abord, Chavez accuse publiquement Manuel Rosales par des faits de corruption, dans un de ses discours du dimanche. Quelques jours après, un tribunal lance un mandat d’arrêt et la police arrive chez lui avec des moyens comme pour arrêter le pire des criminels. Puis, comme il n’est pas là (il devait forcément se cacher, car s’il reste au Venezuela, il sera jugé coupable sans aucune preuve comme ce le cas des policiers), ils ont lancé un mandat d’arrêt international avec l’Interpol. Le dernier épisode : Chavez rappelle son ambassadeur au Pérou car ce pays lui a donné l’asile politique.

Cette action est révélatrice, car en donnant l’asile politique à Manuel Rosales, le Pérou reconnaît que le gouvernement vénézuélien entame une persécution politique, c’est reconnaître d’une certaine façon les actions totalitaires du régime de Chavez au niveau international.

Cette situation ne plait pas à Chavez, car selon lui Rosales est un criminel. Heureusement que le Pérou a compris qu’aujourd’hui les régimes totalitaires se comportent de façon plus discrète qu’il y a 50 ans. Chavez n’allait pas accuser Rosales de s’opposer à son gouvernement, il a, évidemment, inventé un dossier de corruption qui l’autorise à le persécuter.

Voici la difficulté au niveau international pour comprendre ce type des régimes. Il faut écouter les différentes parties afin de se faire une opinion. Mais il y a encore plus simple, on pourrait simplement observer ses actions et se demander si on les accepterait ici en France, et si ce n’est pas seulement parce cela arrive très loin d’ici que l’on accepte ce type de démocratie « particulière ».

samedi 2 mai 2009

Les droits des salariés dans le « socialisme du XXI siècle »


En Venezuela comme en France, les salariés sont sortis dans la rue le 1er mai. Mais tandis qu’ici les ouvriers ont défilé avec le portrait du Che Guévara comme symbole de la lutte sociale, au Venezuela, où le président utilise le même portrait comme symbole de sa révolution, les salariés ont de moins en moins des droits.

Aujourd’hui les ouvriers et salariés vénézuéliens ont de quoi s’inquiéter. Sous l’excuse de défendre les intérêts de la population la plus démunie, le gouvernement a affaiblit énormément le secteur privé et il devient le grand patron du pays. Il y a quelques mois, le gouvernement a nationalisé Sidor (une entreprise sidérurgique) sous prétexte du non-respect de la convention collective avec ses salariés. Mais, aujourd’hui, les syndicats n’ont pas réussi à signer une convection collective avec leur nouveau Etat-patron et l’ancienne n’est toujours pas respectée.

Et ce n’est pas le plus inquiétant. C’est la prohibition, à travers de la nouvelle Loi de Sécurité Nationale, de manifester dans les environs des bâtiments publics et des entreprises de l’état, entre autres. En application de cette loi, 85 activistes syndicales sont aujourd’hui poursuivis par la justice. Ce n’est que la criminalisation de la proteste ouvrière.

Cette après-midi, lorsque le rassemblement des salariés à Paris se déroulait normalement, à Caracas la même manifestation était réprimée par des bombes lacrymogènes. Les travailleurs vénézuéliens découvrent alors leurs droits dans le « socialisme du XXI siècle ».