dimanche 28 mars 2010

Double discours, hypocrisie double


La mort d’Orlando Zapata Tamayo a touché la sensibilité de la communauté internationale et elle a mis en évidence une fois de plus les conditions dans lesquelles vie le peuple cubain. À ce sujet, je voudrais vous traduire le post de Simon Boccanegra dans le journal vénézuélien Tal Cual du jeudi 18 mars dernier :

"Lorsqu’en 1981, la premier ministre d'Angleterre à l’époque, Margaret Thatcher, a laissé mourir deux activistes de l’IRA irlandais qui sont restés plus de deux moins en grève de la faim, un homme politique très connu a fait la déclaration suivante :

« L’acharnement, l’intransigeance, la cruauté et l’insensibilité vis-à-vis de la communauté internationale du gouvernement britannique face au problème des patriotes irlandais en grève de la faim jusqu’à la mort, nous rappel Torquemada et la barbarie de l’inquisition à l’époque médiévale.

Tremblez tyrans face aux hommes capables de mourir pour leurs idées ! Après soixante jours en grève de la faim, à côté de cet exemple, qu’est-ce qu’ils représentent les trois jours du Christ au Calvaire, symbole pendant des siècles du sacrifice humain ? C’est l’heure de mettre fin, par la dénonciation et la pression de la communauté internationale, à cette répugnante atrocité. »

Ceci a été prononcé le 18 août 1981. Par qui ? par Fidel Castro. On n’a pas besoin d’autres commentaires. Il suffit de rappeler ces mots à celui qui les a prononcés et qui a laissé mourir le prisonnier politique Orlando Zapata Tamayo en grève de la faim."

lundi 22 mars 2010

Deux jours, une seule opinion


Un ami m’a envoyé le programme d’un colloque sur le Venezuela qui aura lieu le 25 et 26 mars 2010 dans la ville de Pau. Le colloque, appelé "Le bolivarisme : du Libertador à Hugo Chávez", est présenté comme un grand débat sur la pensée de Simón Bolívar. Malheureusement, le programme laisse prévoir qu’il ne sera dédié qu’à faire de la propagande à faveur de Chavez. Ce sera probablement un "monologue" où seulement la voix chaviste aura le droit de s’exprimer. Pour la cérémonie d’inauguration les ambassadeurs cubain, bolivien et vénézuelien en France seront présents.

Je ne suis pas étonnée que dans ce colloque ne soit montrée qu’une seule vision du Venezuela, celle du pouvoir en place, car, parmi les organisateurs, on trouve l’association Memoires des luttes et son président Ignacio Ramonet, qui de mon point de vue se comporte depuis quelques années comme l’une des principales figures de la propagande chaviste en France. Par contre, ce qui m’interpelle c’est la présence dans la même cérémonie de la députée-maire socialiste de Pau Martine Lignères-Cassous et du président de l’UPPA** Jean-Louis Gout, ce qui donne au colloque un certain air d’impartialité et de recherche du débat que très probablement n’existera pas.

C’est une énorme occasion manquée de faire un vrai débat sur un sujet aussi polémique qu’actuel et complexe comme celui du Venezuela d’aujourd’hui. Comment réagirait-elle Madame Lignères-Cassous si Sarkozy créait une figure au-dessus d’elle pour contrôler la mairie à sa place ? Que ferait-il Monsieur Gout si Sarkozy étranglait économiquement son université pour ne plus avoir des espaces de discussion contraires à sa politique ? Ils seraient sûrement révoltés. Pourtant, c’est justement ce qui se passe avec les élus d’opposition vénézuéliens comme le maire de Caracas Antonio Ledezma et avec les universités publiques comme l’UCV***. Or, Mme Lignères-Cassous et M Gout, par méconnaissance, par manque d’intérêt ou tout simplement pour ne pas fâcher leurs électorats d’extrême gauche, cautionnent tous les deux avec leur présence cette mascarade de débat. C’est dommage.


* Colloque dans le cadre du festival CulturAmerica
** Université de Pau et des Pays de l’Adour
*** Universidad Central de Venezuela