lundi 22 mars 2010

Deux jours, une seule opinion


Un ami m’a envoyé le programme d’un colloque sur le Venezuela qui aura lieu le 25 et 26 mars 2010 dans la ville de Pau. Le colloque, appelé "Le bolivarisme : du Libertador à Hugo Chávez", est présenté comme un grand débat sur la pensée de Simón Bolívar. Malheureusement, le programme laisse prévoir qu’il ne sera dédié qu’à faire de la propagande à faveur de Chavez. Ce sera probablement un "monologue" où seulement la voix chaviste aura le droit de s’exprimer. Pour la cérémonie d’inauguration les ambassadeurs cubain, bolivien et vénézuelien en France seront présents.

Je ne suis pas étonnée que dans ce colloque ne soit montrée qu’une seule vision du Venezuela, celle du pouvoir en place, car, parmi les organisateurs, on trouve l’association Memoires des luttes et son président Ignacio Ramonet, qui de mon point de vue se comporte depuis quelques années comme l’une des principales figures de la propagande chaviste en France. Par contre, ce qui m’interpelle c’est la présence dans la même cérémonie de la députée-maire socialiste de Pau Martine Lignères-Cassous et du président de l’UPPA** Jean-Louis Gout, ce qui donne au colloque un certain air d’impartialité et de recherche du débat que très probablement n’existera pas.

C’est une énorme occasion manquée de faire un vrai débat sur un sujet aussi polémique qu’actuel et complexe comme celui du Venezuela d’aujourd’hui. Comment réagirait-elle Madame Lignères-Cassous si Sarkozy créait une figure au-dessus d’elle pour contrôler la mairie à sa place ? Que ferait-il Monsieur Gout si Sarkozy étranglait économiquement son université pour ne plus avoir des espaces de discussion contraires à sa politique ? Ils seraient sûrement révoltés. Pourtant, c’est justement ce qui se passe avec les élus d’opposition vénézuéliens comme le maire de Caracas Antonio Ledezma et avec les universités publiques comme l’UCV***. Or, Mme Lignères-Cassous et M Gout, par méconnaissance, par manque d’intérêt ou tout simplement pour ne pas fâcher leurs électorats d’extrême gauche, cautionnent tous les deux avec leur présence cette mascarade de débat. C’est dommage.


* Colloque dans le cadre du festival CulturAmerica
** Université de Pau et des Pays de l’Adour
*** Universidad Central de Venezuela

2 commentaires:

  1. "débat que très probablement n’existera pas."

    Mais quel exemple d'impartialité, bravo !!!

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  2. La liberté d’expression c’est justement le droit à avoir des opinions diverses et de pouvoir les afficher. Ce que je critique c’est la manque d’opinions différentes dans un débat universitaire, justement où le débat d’idées devrait être intrinsèque. Dans ce colloque, à côté de ceux qui parlaient seulement de Bolivar, il n’y avait que des invités qui défendaient un seul point de vue, celui du gouvernement vénézuélien. C’est difficile d’avoir un vrai débat quand tout le monde a la même opinion.

    A-t-il vraiment existé un débat ? Vu les titres des présentations et les noms de participants j’ai bien peur que non. Mais, si je me trompe et l’un des invités a présenté une vision différente à celle de dire que Chavez est l’héritier des idées de Bolivar, je ne pourrait que l’applaudir.

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