lundi 25 janvier 2010

52 ans de démocratie


Il a 52 ans, le 23 janvier 1958, le dernier dictateur du Venezuela a fui le pays. Cette date a marqué la naissance de celle qui allait être l’une des démocraties les plus stables du continent pendant les décennies qui suivront. À ce moment-là, tous les acteurs de la société vénézuélienne se sont mis d’accord pour garantir la stabilité du pays et l’alternance de courants politiques. Dans les années qui ont suivi un système démocratique avec suffrage universel, séparation des pouvoirs et une grande liberté de la presse s’est établi dans notre pays. Le pays est devenu également le refuge des tous les persécutés des dictatures des autres pays d’Amérique Latine.

Aujourd’hui pour le 52ème anniversaire des notre démocratie je regarde avec désespoir comment la situation de mon pays se dégrade et sa démocratie s’affaiblit, comment on n’a pas les mêmes droits qu’il y a quelques années, et comment on s’autocensure pour ne pas suivre les attaques du gouvernement.

Samedi dernier 23 janvier 2010, le gouvernement de Chavez a atteint à nouveau contre la liberté d’expression en annonçant la fermeture définitive de RCTV, la chaîne de télévision la plus ancienne au Venezuela. Il y a deux ans, le gouvernement l’a interdit de transmettre en signal ouvert et elle a été contrainte de faire sa programmation seulement par cable. Maintenant, avec des excuses « légales », Chavez a obligé les compagnies de cable à faire disparaître la chaîne de leurs grilles sous menace de suspendre leur opérations.

Si aujourd’hui au Venezuela on ne vit pas encore dans une dictature ouverte, et que le gouvernement est obligé à déguiser l’autoritarisme en face de la communauté internationale, c’est parce que la démocratie fait partie de notre culture et de nos convictions. Je remercie les vénézuéliens qui se sont battus en 1958 pour la démocratie au Venezuela, lorsque dans d’autres pays de la région on faisait la révolution pour instaurer des nouvelles dictatures. J’espère que notre génération aura le même courage aujourd’hui pour défendre cette démocratie.

dimanche 17 janvier 2010

Une vraie augmentation de salaires ?

Vendredi dernier Chavez a annoncé une augmentation de 25 % sur les salaires vénézuéliens. Ce chiffre paraît énorme, mais dans la réalité vénézuélienne d’aujourd’hui ce n’est pas suffisant.

D’abord il faut comprendre pourquoi cette augmentation a lieu au mois de janvier quand, dans la tradition vénézuelienne, les augmentations des salaires ont lieu le 1er mai, le jour du travail. En plus, cette augmentation n’est pas effective tout de suite mais 10% en mars et 15% plus tard en septembre. C’est simplement parce que la dévaluation du Bolivar de la semaine dernière affecte la popularité de Chavez en ce moment. C’est aussi parce le Venezuela vit une vraie crise énergétique provoquée par le manque d’investissement et de maintien des installations. La semaine dernière, le président a été obligé à programmer des coupures d’électricité à Caracas, mais ça a été si mal perçu par la population qu’il a dû revenir sur sa décision et il n’y aura plus de rationnement à Caracas, même s’il y en aura bien en province. Alors, pour ne pas voir sa popularité diminuer, Chavez a décidé d’annoncer une augmentation des salaires, du pur populisme.

Cette augmentation est absolument nécessaire au Venezuela, mais ce n’est pas suffisante. D’abord parce que l’augmentation ne s’applique qu’au salaire minimum, et le plus importante, parce que l’inflation au pays a atteint 26,1% l’année dernière (chiffre officiel), la plus haute d’Amérique Latine. Alors, le 25% d’augmentation ne couvre pas ce qu’on a perdu avec l’inflation et moins encore avec la dévaluation. Ce sont les situations comme celle-là qui montrent comment Chavez joue avec son discours et comment si on ne s’informe pas, on peut facilement tomber dans son piège et croire qu’il fait un très bon travail.

dimanche 10 janvier 2010

Un salaire divisé par 2


Hier les vénézuéliens se sont réveillés en ayant perdu la moitié des leurs salaires et la moitié des leurs économies. J’imagine que vous vous demandez comment c’est-il possible du jour au lendemain. Simplement parce que le gouvernement a dévalué notre devise.

Depuis 2003 le gouvernement contrôle l’obtention des divises étrangères au Venezuela et fixe leur taux de change. Il décide qui a le droit d’en acheter et combien. Ceci signifie que les vénézuéliens n’ont pas le droit d’aller à la banque ou à un bureau de change et d’acheter des dollars ou n’importe quelle autre devise étrangère. Par exemple, un vénézuélien qui voudrait voyager à l’étranger doit demander une autorisation et le gouvernement lui autorise l’achat d’une quantité donnée des dollars en fonction de sa destination. Également, les entreprises qu’utilisent des matières premières étrangères doivent avoir l’accord du gouvernement.

Ce n’est pas la première fois qu’un contrôle de change est appliqué au Venezuela. C’est une mesure qui a été prise par différents gouvernements au cours de notre histoire afin d’éviter la fuite des capitaux par temps de crise. C’était le cas en 2003 quand Chavez l’a appliqué, mais c’est la première fois que cette mesure est maintenue si longtemps (en place depuis 9 ans). Il n’y a aucune raison pour que ce contrôle ait été maintenu plus d’un an, et en spéciale en 2008, quand les revenus pétroliers au Venezuela ont été plus élevés que jamais. Mais malheureusement, le gouvernement s’est rendu compte que c’était un excellent outil de contrôle politique.

Aujourd’hui, la situation économique au Venezuela, très dégradée à cause des mauvaises politiques économiques, a obligé le gouvernement à doubler le taux de change de 2,15 bolivars par dollar à 4,30. Alors, ce week-end, les actifs des vénézuéliens viennent de perdre la moitié de leur valeur. Mais ce n’est pas la seule conséquence grave : la corruption et le pouvoir de l’état au Venezuela vont encore augmenter car un deuxième taux de change, plus bas (2,6 $/Bs), est prévu pour certains produits considérés comme prioritaires et c’est l’état qui va décider qui peut acheter des dollars à 2,6 ou à 4,3. Alors, qui pensez-vous qu’aura le droit d’acheter des dollars au taux le plus bas ? Ceux qui osent se prononcer contre la politique de Chavez ? Je suis sûre que ça ne sera pas le cas.