jeudi 31 décembre 2009

Les bagages de l’espoir


Le nouvel an est fêté partout de façon différente. Chaque pays a ses propres traditions. Au Venezuela tout le monde mange des "hallacas", un plat typique fait pour les fêtes de décembre, et à minuit, beaucoup des familles écoutent à la radio le poème Las uvas del tiempo (les raisins du temps) du poète vénézuélien Andrés Eloy Blanco. Lorsque les cloches des églises annoncent minuit, nous mangeons douze raisins en faisant un vœux pour chaque mois du nouvel an qui arrive, puis, nous embrasons tous les invités et nous sortons à la rue pour voir les feux d’artifices. La plupart de gens sortent aussi avec un verre d’eau, qu’ils versent pour la santé, avec des pièces qu’ils jettent pour la prospérité et avec un bagage pour voyager. Il y a quelques années, nous courions le plus loin possible avec le bagage pour voyager loin pendant les vacances, mais maintenant, je découvre avec désespoir que les nouvelles générations courent très loin pour pouvoir partir du pays. Même l’année dernier les enfants autour de moi, dans un acte d’innocence et d’espoir, se partageaient ma valise car c’était celle qui avait "bien marché".

Le jour du réveillon, on a le droit de faire tous les vœux que l’on souhaite, alors je voudrais qu’un jour mon pays redevient un pays où les gens auront envie d’y vivre, non celui où toute la jeunesse ne pense qu’à partir.

jeudi 24 décembre 2009

Chavez à Copenhague


Notre président ne perd aucune opportunité de se montrer en publique pour se faire de la publicité. Chaque fois qu’il y a une conférence, il est là pour faire la une et se présenter comme le sauveur du monde même s’il ne propose jamais une solution viable aux problèmes qu’il dit vouloir résoudre. Rater la Conférence de Copenhague n’était donc pas envisageable pour lui.

Il dit dans son discours que le changement climatique a été causé par les grandes puissances industrielles et que les pays riches doivent trouver un accord tout de suite avec des objectifs chiffrés. Jusqu’ici tout va bien et je partage complètement son point de vue. Mais après, avec son habituelle combinaison de mauvaise fois et ignorance, il nous dit que tout c’est la faute aux Etats-Unis (son ennemie pollueur) et au capitalisme et que l’on ne devrait pas exiger à la Chine (son ami pollueur) de diminuer ses émissions de CO2. Il dit au même temps que les Etats-Unis consomment trop de carburant sans dire que c’est justement lui et notre pays le plus fiable fournisseur de ce pétrole, et que presque la totalité de nos revenus viennent de ce commerce (en très bonne santé) avec les US.

En tout cas, son discours m’a fait pensé à sa politique par rapport à la consommation de carburant dans notre pays. Au Venezuela, pour ne pas perdre de votes dans les élections, Chavez maintient le prix de l’essence contrôlé à des niveaux très bas. Pour cela l’Etat vénézuélien subsidie plus de 95% du prix réel de l’essence et il la vend donc à pertes en affichant un prix à la pompe de 0,03 € le litre. Oui, vous avez bien lu : 0,03 € le litre d’essence ! c’est moins cher que l’eau. L’état paie pour que l’on consomme plus en échange de votes. Du coup, l’essence est gaspillée comme nulle part ailleurs dans le monde, les 4x4 sont les voitures à la mode, l’essence est utilisée même comme solvant pour nettoyer, et la prise de conscience sur la diminution de la consommation de carburant n’est pas du tout à l’ordre du jour. Les émissions de CO2 vénézuéliennes restent évidement petites par rapport aux grands pollueurs de la planète, mais quelqu’un comme Chavez qui pratique ce type de méthodes, encourageant davantage la consommation de carburant et les rejets de CO2 pour des raisons électorales, n’est pas le mieux placé pour nous donner des leçons sur le changement climatique.

Le meilleur de son discours arrive à la fin où il nous donne La Solution au problème du climat, qui, en plus, est présenté comme la solution à tous les problèmes de l’humanité. Quelle est la solution ? Elle n’est autre que "le socialisme" ! Là, je me suis dit : qu’est-ce que nous sommes bêtes ! Comment n’avoir jamais pensé à cette solution-là ! Il paraît que les pays socialistes d’Europe de l’Est étaient exemplaires en matière de pollution, que L’URSS était aussi un exemple à suivre en matière de respect de l’environnement et que la Chine communiste avait les villes les moins polluées du monde, mais les dirigeants de la planète ne veulent pas voir ces évidences. Heureusement que Chavez est là pour nous montrer le chemin !

mercredi 16 décembre 2009

Le dix-septième anniversaire d’un coup d’état

Il y quelques jours, le 27 novembre, c’était le dix-septième anniversaire d’un des coups d’état qui a été organisé par Chavez et ses partisans. À l’étranger, on se souvient seulement que Chavez est arrivé au pouvoir par la voie démocratique, mais on ignore qu’il a orchestré, en étant militaire, deux coups d’état contre un président démocratiquement élu: le premier le 4 février 1992 et le deuxième le 27 février de la même année.

Dans le premier coup d’état, les putschistes ont réussi à prendre des places militaires importantes dans le pays mais Chavez a échoué à contrôler Caracas. La deuxième tentative a été réalisée par ses partisans dans l’armée car Chavez était en prison. En tout cas, à l’époque, ces deux tentatives de coup d’état, qui ont provoqué la mort de plusieurs innocents civils et militaires, n’ont été pas soutenues par la population, même si le président de l’époque n’était pas du tout populaire.

Après ces deux tentatives frustrées et quelques années en prison, le Président Caldera a gracié les militaires putschistes. À sa sortie de prison Chavez a été convaincu par une partie de la gauche vénézuélienne de que pour arriver au pouvoir au Venezuela, il fallait le faire par les urnes, car les vénézuéliens avaient une longe tradition démocratique (depuis 1958) par rapport au reste de l’Amérique latine où les dictatures était majoritaires.

Aujourd’hui, même si un coup d’état a une connotation négative et qu’aucun des partisans du régime de Chavez en France ou ailleurs ne parle du sujet, au Venezuela ce n’est pas le cas. Notre Président, au même temps qu’il critique le coup contre lui en 2002 et le coup d’état contre son allié hondurien Manuel Zelaya cette année, a décrété le 4 février jour de fête nationale. Comme quoi la double morale chaviste nous explique qu’il y a des bons et de mouvais coup d’état.

lundi 23 novembre 2009

Le monde selon TeleSur

TeleSur est une chaîne de télévision qui a été crée par le gouvernement vénézuelien en 2005. L’idée, qui n’est pas mauvaise, c’est de créer une chaîne d’information en espagnol qui transmet 24 heures les faits les plus marquants de toute l’Amérique Latine, un peu comme la BBC, Al-Jazeera ou encore France 24. Si vous la regardez pendant un peu de temps (elle est comprise dans les chaînes de télévision des quelques opérateurs internet/television en France) vous trouverez qu’elle n’est pas mauvaise. Vous verrez des infos sur des grèves ouvrières dans un pays, des communautés indigènes qui se battent pour conserver leurs terres dans d’autres et probablement des réunions des Chefs d’Etat. Tout paraît normal. Mais si vous regardez pendant quelques jours, vous verrez qu’il y a trois types de nouvelles qui correspondent à trois types des pays.

1. Au Cuba, Nicaragua, Equateur, Venezuela et en Bolivie : la création d’un hôpital ou les actions des gouvernements dans les communautés les plus pauvres. Que des nouvelles qui mettent en valeur la politique de leurs gouvernements
2. Sur le Brésil, le Chili ou encore le Costa Rica, vous verrez des reportages qui sont assez neutres.
3. Et finalement sur la Colombie, le Pérou ou le Mexique, vous verrez surtout des reportages qui montrent les problèmes de fonctionnement de ces pays : la délinquance, la drogue, le trafic d’armes.

À mon avis, ce n’est pas une coïncidence si les bonnes nouvelles ont lieu aux pays qui s’entendent bien avec le Venezuela, les mauvaises dans les pays avec lesquels le Venezuela ne s’entend pas en ce moment, et le reste dans les pays où les chefs des gouvernements ne suivent pas la politique de Chavez mais avec lesquels il garde des relations cordiales (comme le Brésil).

Je n’essaie pas de dire que ces nouvelles dans ces pays sont fausses. Mais j’ai l’impression qu’on nous montre seulement ce qui convient au gouvernement vénézuélien afin de forger une image plus ou moins gentille de chaque pays.

lundi 9 novembre 2009

Le mur n’est pas tombé ?


Aujourd’hui le monde entier diffuse les célébrations de 20 ans de la chute du mur de Berlin et autant la presse écrite que les journaux télévisés sont braqués sur la porte Brandebourg. Depuis des jours, les analyses politiques se poursuivent, dans tous les pays, sauf à Cuba, où le gouvernement espère que le silence puisse cacher cette vérité. Aujourd’hui le Granma (le seul journal autorisé à Cuba) ne parle pas du tout de cet événement.

Au Venezuela, le gouvernement pense aussi qu’en se taisant, le peuple ne se rendra pas compte que le communisme n’a pas rendu le peuple heureux. Alors ils ont aussi décidé de ne pas trop parler de cette célébration sur les media du gouvernement. La seule référence faite par VTV, la chaîne de télévision publique vénézuélienne, a été un court vidéo où l’on peut entendre : « Le mur a été construit pour protéger le socialisme naissant et pour empêcher la fuite des cerveaux qui était encouragée par l’Occident »

Après cette affirmation, je n’ai rien à ajouter.

jeudi 13 août 2009

Et la santé des vénézuéliens ?

En regardant les journaux vénézuéliens parfois je me demande si les mesures du gouvernement sont prises en pensant aux citoyens où si ces mesures répondent seulement à des positions politiques. Hier j’étais surprise de voir que dans ce climat mondial d’alerte de pandémie, le Venezuela a décidé de diminuer l’importation des médicaments afin de promouvoir la production locale.

Pendant les dernières années, le gouvernement n’a fait que dégrader les conditions de travail de l’industrie privée, les laboratoires pharmaceutiques compris. Comme conséquence, ils sont partis (beaucoup d’entre eux se sont installés en Colombie) et nous sommes obligés à importer maintenant beaucoup des produits finis qu’on produisait auparavant chez nous.

Maintenant, au lieu d’offrir des bonnes conditions pour l’investissement et attirer ainsi l’implantation des nouveaux laboratoires, le gouvernement décide de réduire l’importation des médicaments pour obliger à ceux qui sont partis de revenir. Mais la réalité c’est que pour développer des industries il faut du temps, et j’ai bien peur que l’industrie étrangère préfère de rester où ses droits et ses conditions de travail sont respectées.

Malheureusement, cette mesure ne fera que dégrader le système de santé et l’accès aux soins de santé des vénézuéliens. Cette mesure ne devrait même pas me surprendre, comme toujours, c’est le peuple qui perd.

dimanche 9 août 2009

Et la chasse aux media continue…


La semaine dernière, le gouvernement vénézuélien a fermé 34 stations de ratio, sous prétexte des irrégularités administratives. C’est évidemment un coup contre la liberté d’expression au Venezuela, comme il a été déjà dit dans les media du monde entier, mais c’est surtout un acte typique de ce gouvernement.

Sur les vraies raisons de cette fermeture, le peuple vénézuélien a sa propre opinion. Ces stations de ratio retransmettaient dans tout le Venezuela « Aló Ciudadano », le principal programme de télévision d’opposition aux politiques du gouvernement de Chavez. Ce programme appartient à la chaîne de télévision Globovision, la seule chaîne de télévision en signal ouvert avec une prise de position ouverte contre le gouvernement, mais qui peut transmettre en signal ouvert seulement à Caracas, la capitale du pays. Les 34 stations de ratio fermées la semaine dernière permettaient alors à ce programme d’être entendu partout au pays et surtout par tous les vénézuéliens, appartenant à n’importe quelle classe sociale.

Au Venezuela on commence à s’habituer à devoir toujours chercher les vraies raisons du gouvernement pour faire telle ou telle chose. Il y a toujours une raison officielle, politiquement correcte ou « légale », qui constitue le discours officiel du gouvernement à l’étranger. Mais, il y a toujours la vraie raison, liée à la répression politique ou aux comportements despotiques de notre président.

dimanche 19 juillet 2009

Mon droit de vote à l'étranger

De quoi a-t-on besoin pour exercer le droit de vote dans un pays démocratique ? En France, par exemple, on doit être français tout simplement et avoir un certain age. Et dans le cas d'un expatrié ? C'est la même chose, rien ne change car le pays d'accueil n'a rien à voir avec le droit de vote d'un citoyen français. C'est une question de souveraineté, aucun pays ne pourrait jamais imposer des conditions à la France pour laisser voter ses citoyens.

Mais mon expérience comme citoyenne vénézuélienne a été différente. Car le vote par procuration n’existe pas, il faut s’inscrire et voter au consulat. Pour le faire, en 2004 (l’année où j’ai me suis inscrit), il fallait présenter le titre de séjour français en règle ! C’est-à-dire, il fallait habiter ici légalement.

Mon vote dépendait alors du Venezuela et d'un pays étranger. Être un sans papier vénézuélien en Europe ou aux États-Unis aujourd’hui entraîne la perte du droit au vote. Je peux comprendre que quelqu’un qui habite de façon illégale dans un pays étranger ne puisse pas profiter de tous les droits dans ce pays, mais je ne peux pas comprendre que ça soit son propre pays qui lui nie ses droits.

Au Venezuela cette mesure répond clairement à un choix politique pour diminuer les votes contre Chavez, car ces dernières années, les vénézuéliens ont commencer à émigrer et les plus pauvres devient des sans papiers en Espagne, aux Etats-Unis ou ailleurs (les plus riches n’ont pas ce problème car ils peuvent s’installer sans problème légalement n’importe où ou simplement ils ne sont pas obligés à quitter le Venezuela par des raisons économiques). Ces vénézuéliens, obligés à quitter le pays, ne soutiendrons pas le gouvernement de Chavez dans une élection, alors on les empêche de voter par un moyen "légal" : pas de papiers, pas de vote.

Je ne sais pas si aujourd’hui les mêmes restrictions existent. Le consulat du Venezuela ne donne pas d’information ni sur les documents à fournir ni sur les dates dans lesquelles il est possible de s’inscrire au registre électoral. C’est aussi une autre façon de décourager les votants.

mercredi 15 juillet 2009

De la pure hypocrisie

Chavez, de la même façon que beaucoup d’autres gouvernements et citoyens, a toujours condamné l’embargo des Etats-Unis contre le Cuba, mais aujourd’hui il essaie d’utiliser les mêmes moyens de pression contre un autre pays.

Suite au coup d’état à Honduras et à l’instauration d’un nouveau gouvernement qui ne partage pas sa politique, Chavez a proposé d’imposer un blocage contre le pays et de ne plus lui envoyer du pétrole. Pour moi, c’est utiliser le pouvoir, tout comme a fait à l’époque les Etats-Unis, contre un pays qui se détache de sa politique, tout comme à l’époque l’a fait le Cuba. J’ai bien peur que comme dans le cas cubain, ce type de blocage n’affecte qu’aux citoyens les plus démunies. Les gouvernants, ainsi que les classes privilégiées ont toujours les moyens pour s’en sortir.

Est-ce que Chavez a oublié ses convictions ou c’est que ses convictions dépendent simplement de à qui profite l’embargo ?

mardi 30 juin 2009

Un oubli ?


Je ne suis pas d’accord avec les coups d’état. Je pense que les changements politiques doivent êtres faits dans la légalité, mais je ne supporte pas l’hypocrisie. Hier, Chavez a condamné le coup d’état en Honduras, en disant qu’un président élu démocratiquement par le peuple ne doit pas être renversé dans aucun cas par l’armé. Je suis tout à fait d’accord, mais je n’oublie pas la tentative de coup d’état fait par Chavez lui même au Venezuela en 1992, contre un président élu démocratiquement ; tentative qui a été même condamné à l’époque par Fidel Castro. Je n’oublie pas les morts qu’il y a eu, comme les agents de sécurité de la télévision publique qui a été prise par Chavez pour annoncer qu’il avait réussi à prendre le gouvernement. Je n’oublie pas non plus l’image d’un char de guerre en rentrant dans le palais de Miraflores (l’équivalent de l’Elysée). Mais surtout, je n’oublie pas la peur que j’ai eu d’imaginer une dictature militaire s’établir dans mon pays.

Aujourd’hui Chavez appelle à la démocratie, mais il y a 17 ans, il justifiait son action par les mauvaises actions du gouvernement en place (la même excuse des militaires honduriens aujourd’hui). Son discours dépend alors seulement de ses intérêts. Pour moi un coup d’état, ce n’est jamais justifiable.

dimanche 21 juin 2009

Séparation des pouvoirs publics ?

Cette semaine, Isaias Rodríguez, un homme de confiance de Chavez vient d'être nommé ambassadeur du Venezuela en Espagne. Rien de spécial si ce n'est pour le fait que cette personne a fait partie des trois pouvoirs publics au Venezuela dans les dix dernières années et sous le même gouvernement.

De 2000 à 2007 il a été "Fiscal General de la República" (ce qui pourrait être traduit par Procureur Général de la République), un fonctionnaire placé au sommet de la hiérarchie du ministère public et chargé d'assurer la cohérence, le bon fonctionnement et l’indépendance de l'exercice public. Ensuite, il a été nommé en 2007 magistrat du Tribunal Suprême de Justice, la plus haute instance du Pouvoir Judiciaire du pays, dans un poste qu’il a exercé jusqu'à maintenant. Finalement, il fera partie du Pouvoir Exécutif comme ambassadeur en Espagne.

Ceci n’est qu’un exemple qui montre que les limites entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont de plus en plus flous au Venezuela, voir inexistants. On a l’impression que c'est un seul homme qui gouverne, fait les lois et la justice à travers de ses collaborateurs qu'il place là où il en a besoin.

Simon Bolivar, le vénézuélien libérateur d'une grande partie d'Amérique du Sud et héros de Chavez à dit en 1814 : "fuyez le pays où un seul homme exerce tous les pouvoirs: c'est un pays d'esclaves". Malheureusement, ce conseil prend tout son sens aujourd’hui au Venezuela .

jeudi 18 juin 2009

Déguiser la répression


Un gouvernement a différentes façons de censurer ou de fermer un media. La façon directe : la fermeture du media ou l'annulation de sa concession pour transmettre en signal ouvert, comme c’est arrivé à la chaîne de télévision RCTV l’année dernière au Venezuela. Mais, ce n’est pas courant de nos jours, car au niveau international ceci est une indication claire de la manque de liberté d’expression dans un pays.

Il y a une façon plus discrète de fermer un media. Le gouvernement entame un procès contre le media, sous n’importe quelle excuse, et puis lui oblige à payer une amende d’un montant qui compromette les finances du media. C’est justement ce qui est arrivé à la chaîne de télévision Globovision ce mois, à qui une amende initialement annoncée à 5 millions de bolivars, mais finalement fixée à 9 millions (4,2 millions de dollars) a été donnée il y a quelques jours.

La chaîne de télévision a pris l’initiative de collecter de l’argent entre les vénézuéliens pour payer cette amende. Cette initiative a mobilisé la population ce qui révèle l’intérêt du pays pour défendre sa liberté d’expression. Ceci n’a pas beaucoup plu au gouvernement qui ne lâche pas l’affaire et qui vient d’entamer un autre procès contre la même chaîne, mais cette fois avec le but de la fermer directement. Affaire à suivre…

lundi 15 juin 2009

La dépendance alimentaire

Il y a quelques jours, j’ai assisté à une conférence sur l’avenir du climat et les conséquences sur la planète. L’orateur disait qu’il aura probablement une augmentation des besoins alimentaires mondiales, à cause de l’augmentation de la population mondiale et des changements d’habitudes alimentaires. Mais il disait aussi que ces nouveaux besoins pourraient êtres couverts d’une façon globale, en produisant la où il y a les ressources, par exemple en l’Amérique Latine, où aujourd’hui seulement 19% du territoire exploitable est utilisé.

Et cela m’a fait penser à la politique alimentaire au Venezuela. Depuis quelques années on produit de moins en moins au Venezuela, à cause de la politique du gouvernement qui cherche à débiliter l’industrie privée vénézuélienne car il la voit comme une force importante opposée au gouvernement. Malheureusement, cette politique n’a produit que le désapprovisionnement de pas mal de produits. Aujourd’hui le gouvernement doit importer des aliments basiques qu’on avait traditionnellement produits, comme le lait ou la viande.

Alors que dans le monde, la plupart des pays essaient d’assurer leur indépendance alimentaire ou d’assurer un approvisionnement a long terme, le Venezuela satisfait de moins en moins ces propres besoins, alors qu’on dispose de l’eau et des ressources technologiques nécessaires pour produire nos biens alimentaires. J’espère que ces décisions, prises seulement par des raisons politiques, n’entraînent pas des conséquences dévastatrices à long terme.

samedi 6 juin 2009

La bataille de la propagande électorale


Cette photo vous surprends ? J’imagine que non car la répartition équitable de la propagande électorale en France est tout à fait normale.

Moi, ça m’a surpris énormément la première fois que j’ai le vu, car au Venezuela, les panneaux électorales sont collés un peu partout, là où il y a de la place, mais surtout, sans aucune prévision ou réglementation sur combien des panneaux chaque parti politique a le droit d’afficher. Alors, la quantité des panneaux devient une question d’argent, le parti politique qui en a le plus fait le plus de propagande. Et au Venezuela, un pays où le principal business, le pétrole, est géré sans aucun scrupule par le gouvernement en ce moment, vous pouvez imaginer qui gagne cette bataille.

lundi 1 juin 2009

De la peur ou du pur despotisme ?

Depuis quelques jours, Mario Vargas Llosa, ainsi qu’autres intellectuels latinoaméricains sont au Venezuela pour discuter dans un forum sur la liberté et la démocratie. Pour les défier, Chavez les a invités à débâtir publiquement avec lui dans son programme télévisé qui allait durer 4 jours.

Tandis que les intellectuels décident d’accepter l’invitation et de nommer Vargas Llosa comme leur représentant dans ce débat, Chavez suspende son émission et se rétracte en disant qu’ils ont mal compris, qu’il avait invité les intellectuels étrangers à débâtir avec les intellectuels socialistes vénézuéliens, mais pas avec lui, qu’il allait seulement être le modérateur, car pour débâtir avec lui, il faudra à Vargas Llosa d'être le président du Pérou.

Je ne sais pas si Chavez a eu peur de débâtir publiquement avec Vargas Llosa ou si c’est simplement un acte de despotisme, mais quelle que soit la raison de cette décision, le message est très clair pour moi : le vrai débat d’idées n’existe pas au Venezuela. Je ne peux pas imaginer une démocratie où il faut être Président pour s’adresser au Président. Si Vargas Llosa n’a pas gagné le droit de discuter avec Chavez, alors quel vénézuélien qui ne partage pas ses idées pourrait le prétendre ?

jeudi 28 mai 2009

Un vrai feuilleton !


Peut-être vous le savez déjà, mais Chavez depuis le début de son gouvernement parle à la télévision tous les dimanches, dans un programme qui s’appelle «Allo Président » dont le record de durée est 8 heures. Dans ce programme, il donne des ordres à ses ministres, il chante, il parle de sa famille et même il vire des gens. Ce programme va avoir 10 ans ce week-end, et pour le fêter, Chavez a annoncé qu’il allait réaliser une émission de 4 jours, qui commence aujourd’hui et qui va durer jusqu’au dimanche. Il a dit que l’émission serait comme un feuilleton avec des chapitres où il parlera du pays, des anciennes émissions, des chefs d’état qui ont été invités, il prendra des décisions, il fera des pauses.

C’est pittoresque si vous voulez, mais c’est grave. Le plus grave, sans compter que le président ne travaille pas (il dit que si parce qu’il prend des décisions en direct sur la télévision) c’est que ce programme passe dans la télévision publique, l’équivalent de France Télévision. Imaginez-vous la répartition du temps de parole ?. Tandis que en ce moment ici pour les élections européennes chaque parti politique a le droit au même temps de publicité sur chaque chaîne, nous au Venezuela on a le droit à notre Président pendant 4 jours. Chavez a bien raison, c’est un vrai feuilleton !

C’est pour des exemples comme celui-là que je trouve un peu contradictoire que ceux qui se plaignent ici de que votre président apparaît trop à la télévision sont, en général, les mêmes qui font l’éloge à Chavez.

lundi 25 mai 2009

En augmentant encore plus le control…

Imaginons qu’en France il y a des élections des figures politiques régionales les plus importantes, les mairies par exemple, et que le parti politique du gouvernement perd les plus importantes, disons Paris, Lyon, Marseille, Toulouse… Alors, le Président de la République en se rendant compte de la perte de pouvoir que cela représente décide de créer une nouvelle figure administrative, qui est nommé directement par le président, qui est juste au-dessus de mairies, mais qui maintenant va administrer l’argent de la mairie et qui va lui prendre ce qui lui corresponde. Une façon de contrôler directement les mairies.

Pensez-vous qu’on accepterait cela en France ? Je pense que non, mais c’est pourtant ce qui arrive au Venezuela.

Il y a quelque mois, il a eu des élections de gouverneurs et des maires au Venezuela, les figures politiques les plus importantes dans les régions. De façon générale, Chavez a gagné la plupart d’entre eux, mais il a perdu quelques-unes des plus importantes comme Maracaibo ou la ville de Caracas qui abrite les bidonvilles les plus pauvres de Venezuela. Alors Chavez, a simplement créé des nouvelles figures administratives au-dessus des premières afin de continuer à contrôler les gouvernements locaux qu’il a perdus pour la voie électorale.

jeudi 21 mai 2009

Un excès de liberté d’expression ?


C’est une des phrases les plus absurdes que j’ai entendu dernièrement dans les infos vénézuéliennes, mais c’est la phrase qui a été prononcée il y a quelques jours par un haut fonctionnaire du gouvernement vénézuélien à propos des médias.

Depuis quelques années la guerre contre les médias au Venezuela prend de l’ampleur. Il y a deux ans, le gouvernement a fermé le signal ouvert de RCTV, la chaîne de télévision la plus ancienne du pays. Maintenant, elle ne peut transmettre que par le câble, c’est-à-dire, pour une petite partie de la population. Aujourd’hui c’est la chaîne d’information « Globovision » qui est visée, sous prétexte d’avoir provoqué la panique dans la population pour avoir informé du séisme qui a eu lieu au centre du pays le 6 mai dernier, avant que le gouvernement l’ait fait.

La vérité est que c’est la seule chaîne de télévision où l’opposition au peut avoir la parole. Depuis quelques années, et surtout après la fermeture de RCTV, le reste des directives des chaînes de télévision privées ont décidé de se taire afin de pouvoir garder ses concessions. Et évidemment, sur les media de l’état (l’équivalent vénézuélien de France télévision), c’est de la propagande du gouvernement qui tourne en boucle, il n’y a aucune représentation de l’opposition. Les lois qui règlent le temps de parole ne sont pas respectées. Alors, Globovision c’est la seule chaîne de télévision gratuite qui empêche encore au gouvernement de contrôler toute l’information au pays et cela est considéré comme un excès de liberté d’expression.

dimanche 17 mai 2009

Le flux migratoire. La direction change


Il y a quelques semaines, j’ai reçu un commentaire d’un français qui est partie il y a 20 ans au Venezuela et qu’y est resté. Il parlait de la gentillesse de son peuple et de comment cela a changé les dernières années. Incités par le discours de l’actuel gouvernement, les vénézuéliens deviennent de plus en plus intolérants vers les autres.

Son commentaire m’a rappelé qu’on était un pays ouvert à l’immigration. Dès début du XX siècle jusqu’à la fin des années soixante-dix, le Venezuela a reçu beaucoup d’immigrés, venant surtout de l’Espagne, l’Italie et le Portugal, et, en Amérique Latine, de la Colombie. C’étais un pays accueillant et plein d’opportunités, où tout le monde pouvait s’intégrer et même faire fortune.

Aujourd’hui, ce sont les enfants et petits-enfants de ces immigrés qui revient sur la terre de leurs parents. Certes, le niveau de vie de ces pays est meilleur aujourd’hui que quand leurs parents sont partis, mais c’est surtout la dégradation de la situation sociale, économique et politique au Venezuela qui fait que l’on devient un pays dont ses citoyens commencent à émigrer. C’est la première fois dans notre histoire que l’immigration se fait dans le sens inverse. Malheureusement, ceci indique les conditions actuelles de notre pays.

mercredi 13 mai 2009

La musique en CDD

Dans un pays où l’on se dit défenseur des droits des plus démunis, on devrait s’attendre à que les travailleurs aient des droits bien reconnus. C’est de moins en moins le cas au Venezuela. Il y a plusieurs exemples, mais je vous parle aujourd’hui d’une situation que des personnes que je connais ont vécu.

À Mérida (ville situé dans une vallée dans la cordillère des Andes) il y une fanfare dépendent du gouvernement local qui joue tous les dimanches après-midi à la place du centre ville. C’est une manifestation assez pittoresque, qui permet de découvrir et d’écouter de la musique à des enfants et à des gens que dans d’autres circonstances n’auraient jamais pu le faire. Dans cette fanfare, les musiciens étaient, jusqu’à il n’y a pas longtemps, embauchés en CDI.

Il y deux ans, sous prétexte d’une restructuration, le gouvernement a proposé aux musiciens de les licencier afin de les embaucher tout suite après en CDD. C’est une façon de diminuer les dépenses, mais en réalité, c’est une façon de contrôler leurs opinions, car ils peuvent êtres licenciés à n’importe quel moment. Les travailleurs n’ont pas eu le choix, ils ont dû accepter car ils avaient peur de perdre leur boulots, mais maintenant ils gagnent moins d’argent et ils sont dans des conditions beaucoup plus précaires. Ceux qui ont osé protester n’ont été jamais repris.

vendredi 8 mai 2009

Le système d’orchestres symphoniques vénézuélien


Il y a quelques jours un lecteur m’a parlé des supposés programmes culturels développés par Chavez au Venezuela. Moi, je n’en connais pas. Par contre, il existe le système d’orchestres symphoniques, un programme qui a été créé en 1975, mais que Chavez aime faire croire que c’est le résultat de sa politique. Depuis sa création, tous les gouvernements l’ont financé et soutenu. Le gouvernement de Chavez l’a fait aussi, car c’est un très bon programme mais aussi parce que c’est un excellent instrument de propagande.

Le système, comme on l’appelle au Venezuela, consiste à créer des écoles de musique et des orchestres symphoniques dans toutes les villes du pays. Dans chaque école, on apprend la musique aux jeunes au même temps qu’ils jouent et grandissent dans l’orchestre. Après 34 ans, le système a formé des excellents musiciens qui jouent partout dans le monde dont l’un des meilleurs exemples est le jeune directeur d’orchestre Gustavo Dudamel, qui dirige en ce moment les plus reconnus orchestres et interprètes dans le monde, ce qui a contribué à faire connaître le programme à l’étranger ces dernières années.

C’est un programme culturel et social extraordinaire qui permet d’apprendre un métier à beaucoup des jeunes que, sans la musique, n’auraient probablement pu rien faire dans la vie. C’est un instrument d’intégration social dans lequel tout le monde se côtoie sans aucune différence de classe. C’est une expérience humaine sans égal.

Pour les intéressés, rendez-vous le 26 juin ou le 23 et 24 octobre à Paris à la salle Pleyel .

mardi 5 mai 2009

La chasse à l’homme. Deuxième partie

Le titre de cette série de posts obéit à la persécution qui a entamé le gouvernement vénézuélien contre Manuel Rosales, un des principaux dirigeants de l’opposition. C’est une véritable chasse à l’homme. D’abord, Chavez accuse publiquement Manuel Rosales par des faits de corruption, dans un de ses discours du dimanche. Quelques jours après, un tribunal lance un mandat d’arrêt et la police arrive chez lui avec des moyens comme pour arrêter le pire des criminels. Puis, comme il n’est pas là (il devait forcément se cacher, car s’il reste au Venezuela, il sera jugé coupable sans aucune preuve comme ce le cas des policiers), ils ont lancé un mandat d’arrêt international avec l’Interpol. Le dernier épisode : Chavez rappelle son ambassadeur au Pérou car ce pays lui a donné l’asile politique.

Cette action est révélatrice, car en donnant l’asile politique à Manuel Rosales, le Pérou reconnaît que le gouvernement vénézuélien entame une persécution politique, c’est reconnaître d’une certaine façon les actions totalitaires du régime de Chavez au niveau international.

Cette situation ne plait pas à Chavez, car selon lui Rosales est un criminel. Heureusement que le Pérou a compris qu’aujourd’hui les régimes totalitaires se comportent de façon plus discrète qu’il y a 50 ans. Chavez n’allait pas accuser Rosales de s’opposer à son gouvernement, il a, évidemment, inventé un dossier de corruption qui l’autorise à le persécuter.

Voici la difficulté au niveau international pour comprendre ce type des régimes. Il faut écouter les différentes parties afin de se faire une opinion. Mais il y a encore plus simple, on pourrait simplement observer ses actions et se demander si on les accepterait ici en France, et si ce n’est pas seulement parce cela arrive très loin d’ici que l’on accepte ce type de démocratie « particulière ».

samedi 2 mai 2009

Les droits des salariés dans le « socialisme du XXI siècle »


En Venezuela comme en France, les salariés sont sortis dans la rue le 1er mai. Mais tandis qu’ici les ouvriers ont défilé avec le portrait du Che Guévara comme symbole de la lutte sociale, au Venezuela, où le président utilise le même portrait comme symbole de sa révolution, les salariés ont de moins en moins des droits.

Aujourd’hui les ouvriers et salariés vénézuéliens ont de quoi s’inquiéter. Sous l’excuse de défendre les intérêts de la population la plus démunie, le gouvernement a affaiblit énormément le secteur privé et il devient le grand patron du pays. Il y a quelques mois, le gouvernement a nationalisé Sidor (une entreprise sidérurgique) sous prétexte du non-respect de la convention collective avec ses salariés. Mais, aujourd’hui, les syndicats n’ont pas réussi à signer une convection collective avec leur nouveau Etat-patron et l’ancienne n’est toujours pas respectée.

Et ce n’est pas le plus inquiétant. C’est la prohibition, à travers de la nouvelle Loi de Sécurité Nationale, de manifester dans les environs des bâtiments publics et des entreprises de l’état, entre autres. En application de cette loi, 85 activistes syndicales sont aujourd’hui poursuivis par la justice. Ce n’est que la criminalisation de la proteste ouvrière.

Cette après-midi, lorsque le rassemblement des salariés à Paris se déroulait normalement, à Caracas la même manifestation était réprimée par des bombes lacrymogènes. Les travailleurs vénézuéliens découvrent alors leurs droits dans le « socialisme du XXI siècle ».

lundi 27 avril 2009

La chasse à l’homme. Première partie


Les dernières semaines Chavez a fait ce qu’il n’avait pas fait jusqu’à maintenant : persécuter les gens ouvertement. Le premier exemple est la condamnation, il y a deux semaines, à 30 ans de prison de 3 commissaires et quelques agents de police sans aucune preuve et pour des raisons politiques. Je vous explique le contexte.

Dans les manifestations contre le gouvernement qui ont eu lieu en 2002, des proches du gouvernement ont ouvert le feu contre les manifestants de façon délibérée, afin de provoquer la panique et éviter que les gens puissent se sentir libres de manifester, il y a eu 19 morts. Mais un journaliste a filmé et transmis en direct la scène qui a fait le tour du monde. Il fallait alors trouver une explication et des coupables. Selon Chavez, la video était un montage.

Mais pour les morts, comme le gouvernement n’allait pas emprisonner ces partisans et accepter que cette pratique faisait partie de leurs actions, ils ont décidé d’emprisonner des policiers qui appartenaient à la police métropolitaine, qui était présent lors des événements et qui était dirigée par un maire de l’opposition.

Seulement que ces policiers n’avaient rien à voir avec ces faits et ils ne faisaient que leurs travails. Ce sont des personnes modestes à qui l’on viens de condamner à 30 ans loin de leurs familles, des leurs enfants. C’est une très grande injustice, mais c’est surtout la preuve que le système de justice n’est plus indépendant et qu’il devient un instrument de répression.

samedi 25 avril 2009

« Dépenses superflues »

Le Venezuela c’est un pays pétrolier et on n’y vie que des revenues du pétrole. Alors, avec la chute du prix du baril et la crise mondial, il y a un déficit dans le budget du 2009. Il faut alors diminuer les dépenses, mais au lieu de diminuer les dépenses de fonctionnement du gouvernement, Chavez n’a pas trouvé mieux que demander aux universités publiques (qui sont les meilleurs au pays, et celles où tout le monde peut étudier) d’éliminer les « dépenses superflues » comme l’utilisation d’Internet et l’achat des publications scientifiques.

L’utilisation d’Internet et les publications scientifiques des dépenses superflues ? c’est de la pure ignorance ou plutôt une excuse pour diminuer l’accès à l’information dans les universités publiques, un des secteurs de la société vénézuélienne que Chavez ne contrôle pas encore. En tout cas, si nous voulons être un pays avec une technologie de pointe et non dépendante des pays développés, comme on l’entend dans le discours du gouvernement actuel, ce n’est pas en passant par l’isolement scientifique qu’on va y arriver.

Il y a quelques mois, un scientifique vénézuélien appelé Jaime Requena a montré que la production scientifique au Venezuela aujourd’hui est la plus basse des derniers 25 ans. La conséquence : il a été viré la semaine dernière.

samedi 4 avril 2009

L’insécurité

Vous imaginerez que la principale raison pour laquelle je ne retourne pas en ce moment au Venezuela est la situation politique. Ce n’est pas le cas. Même si le contexte politique est difficile, on peut toujours s’adapter afin de vivre dans son pays : éviter de travailler dans un secteur du gouvernement, ou simplement, éviter d’émettre d’opinions politiques.

La raison principale pour laquelle je ne suis pas encore revenue au Venezuela est l’insécurité. En France, on peut avoir peur de se faire voler quelque chose, mais au Venezuela, on a peur de se faire tuer pour se faire voler son portefeuille ou son téléphone portable. Les meurtres sous contrat sont devenus très courants, et a Caracas, il y a au moins 40 morts tous les week-ends. De plus en plus de pays recommandent à leurs citoyens de ne pas visiter le Venezuela.

Alors quand on y habite on prend des précautions tous les jours. On évite de marcher des longues distances, on ne conduit pas les vitres ouverts et on met des barreaux sur tous les fenêtres, même en étage. On s’habitue et on finit par croire que c’est normal. Mais ce n’est pas le cas ailleurs, alors pourquoi on devrait fermer les yeux et accepter que les vénézuéliens vivent comme ça seulement parce que l’on compatisse avec le gouvernement actuel ?

samedi 28 mars 2009

Les mesures économiques

Pendant des mois, le gouvernement du Venezuela n’a pas voulu accepter que la crise économique mondiale allait nous affecter. Le président a voulu cacher aux vénézuéliens que les temps seront durs, cela seulement afin de pouvoir garder sa popularité et gagner le referendum du 15 février dernier. Mais les prix du pétrole ne remontent pas, et la crise au Venezuela n’est peut plus être cachée.

Le budget de l’année 2009 a été prévu à 60 $ le baril de pétrole. Le déficit est insoutenable et le président Chavez a été obligé dimanche dernier à prendre des mesures économiques, qualifiés selon lui, de « socialistes ». La première est la réduction de la dépense publique. Dans un pays comme le Venezuela, cela ne fera que ralentir encore plus l’économie car les investissements privés sont de moins en moins encouragés et l’argent public est devenu le seul moteur de l’économie.

Mais la mesure la plus importante est l’augmentation de la TVA de 9 à 12%. Et Chavez veut nous faire croire qu’il n’y a rien de plus socialiste que l’augmentation de l’impôt qui s’applique à toutes les classes sociales dans la même proportion. Une mesure de plus qui prouve que le discours de ce gouvernement n’a rien à voir avec ses actions. Une fois de plus c’est la population la plus pauvre qui est la plus affectée avec ses actions. Les plus riches pourrons toujours s’en sortir, mais c’est pour les gens les plus défavorisés (ceux pour qui Chavez se bat dans son discours) pour qui le coût de la vie deviens de plus en plus insoutenable.

Le plus ironique de cette situation est que notre gouvernement n’attend qu’une chose : que les pays capitalistes sortent de la crise pour que les prix du pétrole remontent et pouvoir ainsi sauver le « socialisme du XXI siècle ».

jeudi 26 mars 2009

Les opinions politiques

J’ai reçu hier un e-mail d’une amie vénézuelienne à qui j’avais envoyé l’adresse de ce blog. Elle m’a répondu que même si elle étais consciente des erreurs du gouvernement, elle étais d’accord avec les changements politiques. Cette réponse m’a fait très plaisir car, au Venezuela, il y a quelques années qu’on n’ose pas discuter de politique avec des personnes qui ont des avis différents.

Et c’est justement ce qui nous manque. On nous a fait croire que les gens qui ne partage pas l’avis du gouvernement n’ont pas de conscience sociale, et ce n’est pas vrai. Je suis convaincue que dans un pays où la population est si pauvre, il faut un gouvernement d’ordre social, qui s’occupe des plus démunies en le proportionnant une bonne éducation, un service de santé digne et de la sécurité. Rien de tout ça n’est existe encore au Venezuela, mais ce qui je reproche le plus au gouvernement actuel est l’intolérance.

Nous devons reconnaître que ce gouvernement a fait parler de politique a tous les vénézuéliens et il a fait prend conscience à beaucoup des gens de la pauvreté qui existe dans notre pays. Mais il a séparé les gens, et comme conséquence, il n’y a pas de discussion politique critique. On ne connaît pas les arguments des gens qui soutient le gouvernement, on les entend seulement répéter le discours du président.

Avec ce blog, je cherche à donner un avis critique, et le plus objectif possible du quotidien vénézuélien, mais ce n’est que mon opinion. Cette discussion ne sera pas complète que quand des avis différents au mien expriment aussi leurs points de vue.

dimanche 22 mars 2009

La répression politique

Au Venezuela, officiellement, il n’y a pas de répression politique. C’est vrai, elle est cachée. Hier, le Président a déclaré qu’il était prêt à emprisonner Manuel Rosales, maire de la ville de Maracaibo, parce que, selon Chavez, il possède quinze propriétés agricoles et une riche maison, et qu’ils proviennent de la corruption. Mais, comme par hasard, il se trouve que Manuel Rosales est aujourd’hui un des principaux représentants de l’opposition, qui a été le candidat aux derniers présidentiels, et qui a gagné en novembre dernier la Mairie de la ville de Maracaibo, une des villes les plus peuples et avec les plus d’influence politique au Venezuela.

Quelle coïncidence !

Qu’un des leaders de l’opposition qui prendre de plus en plus de force contre Chavez soit maintenant poursuivi par corruption nous donne l’impression que le gouvernement se fout de nous et qu’il ne cherche que des excuses pour affaiblir l’opposition qui commence à prendre de l’ampleur.

Mais ce n’est pas la première fois que ça arrive. Fin 2007, le président de l’association d’étudiants de l’Université des Andes, Nixon Moreno, qui a pris position contre le gouvernement de Chavez, a été accusé de tentative de viol par une femme policière. Le fait aura eu lieu dans une manifestation contre le gouvernement, où l’étudiant protestait et la femme policière faisait parti de la force de l’ordre qui réprimait les manifestants. En vue de l’absurdité de l’accusation, l’étudiant a pu se réfugier dans une ambassade et il a dû fuir du pays il n’y a pas longtemps.

Ainsi, aujourd’hui au Venezuela, il n’y a pas officiellement des prisonniers politiques, mais il y a des personnes que de par ces actions politiques sont poursuivies et emprisonnés sous des faux prétextes, parfois vraiment irréels. Ceci me fait peur, car ces actions montrent que la répression politique devient de moins en moins cachée.

lundi 16 mars 2009

La lutte des minorités

Je suis allé voir le film Milk et j’ai trouvé qu’il décrit parfaitement la lutte des minorités. Sean Penn s’engage énormément avec ces luttes, même en dehors de ses films.

Le problème est qu’en s’engageant sur la lutte d’une minorité, on peut quelques fois contribuer à l’écrasement d’une autre. Sean Penn, ainsi que Benicio del Toro, sont déjà allés au Vénézuéla pour soutenir le gouvernement de Chavez. Ils l’ont fait sûrement parce qu’ils croient au discours de Chavez et parce que ils croient que de cette façon ils contribuent à la lutte de la population la plus pauvre du Venezuela, longtemps oubliée par les gouvernements d’avant et qui pensent avoir en Chavez un vrai représentant. Et comme ces acteurs ont l’air engagés, ils ne font que légitimer le gouvernement de Chavez aux yeux des étrangères. Le problème est qu’ils se trompent sur la vérité vénézuélien et qu’en légitimant ce gouvernement ils ne font qu’écraser la partie de la population vénézuélienne qui essaie de montrer au monde que ce gouvernement ne fait qu’augmenter les inégalités au Vénézuéla, et que de la même façon que les gouvernements d’avant, il ne fait que se servir des plus pauvres pour arriver au pouvoir, tout en le donnant le faux espoir de s’occuper d’eux.

Il y a quelques jours, j’ai parlé à un latinoaméricain de la réélection de Chavez, j’ai lui disais que je pensais que il sera réélu en 2013 si il y a suffisamment d’argent provenant du pétrole à ce moment là pour acheter le peuple. Lui il m’a demandé avec l’air même inquiète : et si d’ici là il s’occupe vraiment des pauvres ? et s’il met en pratique ces promesses ?. Moi j’ai lui répondu : à ce moment-là, je voterai pour lui.

mardi 10 mars 2009

L’autocensure

Au Venezuela nous vivons encore dans une démocratie et officiellement il n’y a pas de censure. Mais dans la population vénézuélienne il apparaît un comportement qui reflète le totalitarisme: l’autocensure.

La semaine dernière, un des orchestres symphoniques les plus importants du Venezuela allait jouer dans la présentation de la pièce « un violon sur le toit », pièce emblématique juive. Quelques jours avant de commencer les répétitions, un fonctionnaire de l’orchestre a décidé que l’orchestre ne devait pas y jouer. Personne ne l’a donné l’ordre, mais comme l’orchestre reçoit de l’argent du gouvernement et le gouvernement a rompu ces relations diplomatiques avec Israël, il a pensé que c’était la meilleure décision pour ne pas perdre le financement.

Le deuxième exemple c’est moi. Je publie sous un pseudonyme à 7619 Km de Venezuela ! Vous direz que j’exagère, et vous avez probablement raison. Je ne suis pas suffisamment courageuse pour assumer mes opinions ouvertement, mais j’ai quelques raisons. La première est que je travaille dans un métier où aujourd’hui au Venezuela il faut être inscrit au parti politique du gouvernement pour y avoir un poste. Vous pouvez imaginer qu’avec mes opinions je n’y trouverai jamais un travail. Mais, j’ai une raison plus importante, et c’est que j’ai de la famille au Venezuela et je ne voudrais pas les causer des problèmes. Il y a déjà des membres de ma famille qui ont perdu ses emplois par des raisons politiques et je ne voudrais pas en augmenter le nombre.

Quand dans un pays ce sont les propres individus qui commencent à se censurer, c’est parce que le gouvernement a déjà suffisamment inculqué la peur.

dimanche 8 mars 2009

Les origines vénézuéliennes

Je ne m’étais jamais demandé mes origines jusqu’à il y a quelques années. Peut-être, j’ai commencé à le faire parce que je suis venue en Françe et que les gens ici me posent toujours cette question, mais peut être que j’ai commencé à le faire parce que Chavez dans son discours dit tous les jours qu’il est le premier président d’origine amérindien ou noir (en dépendent des circonstances). Rien de plus faux. Mais c’est qui est important est que je ne me suis jamais demandé quelles étaient mes origines, parce que avoir des origines amérindiennes, européens ou africaines m’est complètement égale, la réalité est que je suis simplement vénézuélienne.

Ils m’ont appris à l’école que les vénézuéliens viennent du brassage des habitants aborigènes, des espagnols qui sont arrivés après la découverte du continent et des africains qu’ils ont emmené. On m’a appris à l’école qu’aux XVI et XVII siècles, les mestizos étais les vénézuéliens qui étais né d’un mélange entre un espagnol et un amérindien, les mulatos entre un espagnol et un africain et les zambos entre un africain et un amérindien. Quatre siècles plus tard on est tous mélangés et les seules personnes qui peuvent connaître réellement un de ces origines sont ceux qui sont descendants de l’immigration européenne du vingtième siècle. Le reste peut s’amuser à élucubrer sur ces origines en fonction des ces noms (dans la culture hispanique, on porte d’abord le nom de son père, puis celui de sa mère). Je porte des noms d’origine espagnole, mais tellement courants au Venezuela que, il y a quelques années, pour la publicité de la mise en place de la nouvelle carte d’identité vénézuélienne, c’étais mon nom qui était écrit dessus (ce qui veut dire que la moitié du Venezuela le porte).

En fonction des régions du Venezuela, on peut trouver de gens avec des visages plus au moins amérindiens ou des régions où les gens ont un teint de peau plus au moins foncée (les régions où les espagnols ont emmené la plus grande quantité d’africains pour le travail de la terre), mais jusqu’à il y a quelques années, pour la plupart des vénézuéliens ces origines étaient sans aucune importance. C’est seulement le discours de Chavez qui cherche depuis quelques années à séparer les gens, sur une base complémente fictive, qui remonte à quatre cents ans.

Chavez n’a pas le droit de dire qu’il est plus vénézuélien que moi, ou que n’importe quel autre avec une couleur de peau plus ou moins mate ou un visage plus au moins amérindien que lui. Nous sommes tous issus du brassage.

jeudi 5 mars 2009

La cuisine vénézuélienne

L’année dernière il y a eu un politicien de la gauche française qui est partie au Venezuela pour rencontrer Chavez. Avant de rentrer en Françe, il a déclaré à la presse vénézuélienne qu’il était très content de voir que maintenant les vénézuéliens mangeaient de la cuisine typique et qu’il ne mangeais plus au Mc Donalds. Ça m’a fait énormément rire. D’abord parce que si je suis indulgent avec ce politicien, je dirais qu’ils l’ont bien eu. Il suffit d’une balade en voiture au Caracas (ou dans n’importe quelle autre ville) pour voir défiler les chaînes de fast food américaines ou même européens, autant dans les endroits branchées de la capital que dans les « barrios » (l’équivalent chez nous du mot brésilien favelas). Et dedans il y a du monde, on fait la queue autant que dans les fast food dans le reste du monde.

Il faut bien dire que pour les vénézuéliens ce n’est pas donné. Ça coûte beaucoup d’argent, mais c’est un symbole de statut social, et c’est surtout un symbole de participation du développement mondial. Pendant des décennies les pays développés nous ont envoyés cette image, aujourd’hui, aux oeils des citoyens du tiers-monde, le développement de nos pays va forcément accompagné des chaînes de fast food, des grosses voitures ou d’un home cinéma. Les pays développés se sont rendu compte que ce n’est pas forcément les cas, mais il faudra des décennies avant que les citoyens du tiers-monde en prennent conscience, et ça si nous sommes optimistes.

Mais en fait ils ont menti au naïf politicien de façon encore plus grave, car les vénézuéliens n’ont jamais laissé de manger la cuisine typique vénézuélienne. Nous mangeons des « arepas » tous les soirs, des « empanadas » tous les matins et des « hallacas » toutes les fêtes de noëls, et ça n’a jamais changé depuis que je suis toute petite. Même depuis quelques années il y a des chaînes de fast food vénézuéliens qui se développent un peu partout. Alors, je comprends bien qu’on veut sympathiser avec le président vénézuélien en France parce que les révolutions ont toujours un air romantique, mais il faut essayer d’être un peu plus objectif.

Lexique culinaire vénézuélien

Arepa : Espèce de pain de farine de maïs, qu’on mange farci avec de la viande, du fromage, des œufs ou même des avocats (en fait vous pouvez le farcir avec tout)
Empanada : Beignet de farine de maïs frit, farci avec du fromage, ou de la viande, ou même de poisson
Hallaca : Plat vénézuélien préparé seulement pour les fêtes de noël. Il est farci de la viande de porc, de volaille, de bœuf, mais aussi de légumes, de pois chis, des olives, des raisins et des câpres, préparé dans une feuille de banane plantane.
Pabellon Criollo : Le plat typique vénézuélien. Composé de la viande de bœuf effilé, du riz, de haricots noirs et de la banane plantain frite.

samedi 28 février 2009

Les talents vénézuéliens

De temps en temps je me sens très fier d’être vénézuélienne. Et ça a été le cas le jour de l’investiture d'Obama. Pas pour des raisons politiques, simplement parce que juste avant du discours du nouveau président, il y a eu un quartor qui a joué une pièce de musique. Au violoncelle il y avait Yo-Yo Ma, au violon Itzhak Perlman et au piano Gabriela Montero, une vénézuélienne. Y jouer est une reconnaissance à son immense talent. La nouvelle est passée presque inaperçue chez nous et en France.

Évidemment, elle n’habite plus au Venezuela depuis longtemps, elle a la nationalité américaine et elle n’était presque pas formée chez nous, mais dans beaucoup de ses récitals, elle joue de la musique vénézuélienne. Et même dans les disques d’improvisation qu’elle a enregistrés, il y a des pièces inspirées de la musique vénézuélienne. Et ça fait très plaisir.

J’espère que sa participation dans ce quartor fasse connaître sa musique en France et que sa trajectoire inspire d’autres vénézuéliens à faire des carrières sérieuses dans la musique.

www.gabrielamontero.com

jeudi 26 février 2009

Les enfants de la rue

Je suis en train de lire une biographie* sur un poète vénézuélien du début du vingtième siècle et j’ai y découvert un poème, publié en 1935, dédié aux enfants de la rue :

Niños… ¡Pálidos rostros de niños!
Niños en años, viejos en miseria.
Sin abrigo, sin pan, sin escuela

L'auteur du poème, Antonio Spinetti Dini, parle des enfants que dans la pauvreté du pays vivaient dans la rue, qui étaient des enfants par leur age, mais pleins de misère. Des enfants dépourvus de refuge, de pain et d’école.

En 1935 le pays étais un pays très pauvre. On vivait dans une dictature. La population était touchée par le paludisme. Le pétrole, la principale ressource économique, était donné en concession aux entreprises étrangères, et la plupart de redevances qui recevait le gouvernement engrossent les fortunes des personnalités du régime. Le reste était utilisé pour "instaurer la paix" au pays et prévenir les insubordinations. Mais même dans ce contexte, il y avait déjà des gens qui dénonçaient la pauvreté et les injustices sociales.

Soixante-dix ans ont passé depuis. Entre-temps on a vécu l’instauration de la démocratie (1958), la nationalisation du pétrole (1976) et des époques de grands bénéfices pétroliers. Mais aujourd’hui, après une dizaine des présidences démocratiques, de droite et de gauche, on croise encore plus d’enfants pâles dans la rue, sans refuge, sans pain, sans école.

Le président Chavez a dit en 1998 qu’il ne permettrait pas qu’il ait des enfants qui habitent dans la rue.

* Antonio Spinetti Dini : Eco de su tiempo

mercredi 25 février 2009

Les inégalités sociales. Deuxième partie

Un seul article ne suffit pas pour expliquer les inégalités sociales au Venezuela. Je consacre alors un deuxième pour vous donner quelques exemples plus concrets. D’abord je parlerai de l’éducation universitaire.

Au Venezuela des universités publiques existent. Ils ont beaucoup de défauts, mais de façon générale l’éducation qui y est impartie n’est pas mauvaise. J’ai suivi une, et je pense que ma formation m’a permis de m’en sortir ici et de me comparer avec les gens qui ont la même formation. Mais pour y rentrer il y a des concours. Et la plupart des personnes qui réussissent ces concours sont ceux qui ont eu la chance de pouvoir aller aux écoles privées (car l’éducation publique primaire et secondaire au Venezuela est très mauvaise). La solution de l’actuel gouvernement et simple : au lieu d’améliorer l’éducation primaire et secondaire afin que les gens de toutes les classes sociales puissent réussir les concours, ils décident alors de créer d’autres universités (aussi publiques) dans lequel il n’y aura pas de concours d’entrée. A la fin, il y aura une inégalité en fonction de l’université où on aura étudiée, les bonnes ou les mauvaises.

Mon deuxième exemple concerne le système de santé publique. Si c’est vrai que l’actuel gouvernement a mis en place un système dans lequel des médecins sont installés dans les zones les plus défavorisées, c’est vrai aussi qu’il n’a pas fait grand chose pour améliorer le fonctionnement des hôpitaux publics. Aujourd’hui, les seules personnes soignées au Venezuela sont ceux qui ont suffisamment d’argent pour se payer une clinique privée, ou ceux qui ont épargné tout ça vie, et que dans le besoin vont même hypothéquer sa maison. Et pour être admis dans une clinique privée, il faut présenter soit une mutuelle, soit une carte de crédit, que comme vous pourrez imaginer, la plus part de plus démunies ne possèdent pas.

Alors, depuis 10 ans, on ne fait que diminuer les inégalités ?

dimanche 22 février 2009

Les inégalités sociales

Hier, les journaux vénézuéliens montraient des extraits de la lettre que le président Sarkozy a envoyé au président Chavez en le félicitant pour sa victoire dans le référendum de la semaine dernière. Entre autres, il disait que les 10 premières années du gouvernement de Chavez ont été consacrées à diminuer les inégalités sociales.

Or, des inégalités sociales, il n’y a jamais eu autant. C’est vrai qu’après l’arrivé au pouvoir de l’actuel gouvernement et de son discours, le monde, mais surtout les vénézuéliens ont pris conscience de l’immense pauvreté dans lequel notre pays était et est encore immergé. Les gens qui vivent dans la pauvreté au Venezuela, qui étaient avant complètement oubliés par les gouvernements (autant de gauche que de droite) ont dans le discours de Chavez un soutien. Ils se sentent représentés. Par contre, dans ces actions, ce n’est pas le cas.

On parle maintenant des opposants et des sympathisants du régime. On parle des riches et des pauvres. On n’investit pas dans la qualité de l’éducation publique primaire, alors le seuls qui ont accès à une éducation acceptable sont ceux qui ont un peu d’argent pour payer une école privée à ces enfants. En 2008, l’inflation a atteint le 30%, ce qui touche d’abord aux plus pauvres. L’insécurité a augmenté énormément les dernières années, et ça affecte surtout les quartiers les plus sensibles, car les quartiers riches ont de quoi payer une entreprise de vigilance privée. Tout ça ne fait qu’accroître les inégalités, les gens qui possèdent un peu d’argent pourront toujours s’en sortir, mais les plus pauvres le resteront toujours. Mais ce n'est pas grave, les plus démunies se sentent encore représentés par le discours de Chavez.

jeudi 19 février 2009

Les vrais combattants

Moi aussi j’ai admiré la révolution et le socialisme cubains. On doit dire que c’est quelque chose de très courant en Amérique Latine. J’admirais ces idoles, le combat qu’ils sont livrés contre un gouvernement qui ne faisait qu’accroître la différence entre les classes sociales. J’admirais l’idéal du discours de cette révolution, le système d’éducation, la formation musicale, le système de santé, les grands sportifs. Et puis, j’ai connu des cubains, quelques uns qui, de par ces professions, ont pu quitter légalement le pays (en payant une partie de ses salaires à l’étranger au gouvernent cubain, sous prétexte de contribuer à l’éducation), mais aussi ceux qui ont partie de façon illégal, et qui pour le faire, ont du renoncer à ne jamais revoir ces familles ou l’endroit où ils sont nés.

Et puis, la situation de mon pays a commencé à changer. On vit dans une démocratie dans laquelle on a le droit de s’exprimer, mais des plus en plus des media sont fermés ou décident simplement de ne pas donner d’opinion sur le gouvernement. Une démocratie dans laquelle on a le droit de demander un referendum pour révoquer le mandat du président de la république, mais où une fois qu’on a signé cette pétition, on ne trouve plus de travail. Une démocratie dans laquelle on a le droit des faire des grèves, mais où une fois en grève (dans le secteur public) on est viré. J’admire davantage les musiciens, les sportifs et les médecin cubaines, mais je ne suis pas sur que je serais d’accord à payer un tel prix pour devenir comme eux.

Mais si j’ai commencé ces articles c’est en partie parce que j’ai découvert le blog d’une fille cubaine, qu’en habitant à Cuba a le courage de s’exprimer sur un blog et de montrer la réalité quotidienne de son pays (http://desdecuba.com/generaciony_fr/). Je ne vous apprendre probablement rien, car son blog aujourd’hui est traduit dans 15 langues et elle a même gagné des prix internationaux qu’évidemment elle n’a pas pu recevoir personnellement (faute de permit de sortie). Mais même si son auteur décrit son blog comme un acte de lâcheté car il le permet de dire tout ce que lui est interdit en publique, je pense que c’est un acte de courage.

J’ai me rendu compte (peut être j’aurais préféré rester dans l’ignorance) qu’aujourd’hui les vrais combattants ne sont pas ceux qui se sont caché dans la Sierra Maestra il y a 60 ans pour faire la révolution cubaine, ce sont ceux qui se montrent à la lumière, comme Yoani mais aussi comme beaucoup d’autres, pour dénoncer les régimes qui les oppressent.

mercredi 18 février 2009

La fragilité de la révolution

Dimanche dernier, quand je suis allée voter à l’ambassade du Venezuela à Paris, je me suis demandé pourquoi la révolution de Chavez dépend d’un seul homme, comme semble l’indiquer l’intérêt démesuré du président pour faire passer cet amendement et pouvoir être réélu à nouveau.

En sortant de l’ambassade, j’ai vu un jeune qui, juste avant d’y rentrer, a changé le bonnet noir qu’il portait par une casquette rouge, couleur-symbole de la révolution. Je n’ai pas compris ce geste. Est-ce qu’il avait honte de porter sa casquette rouge en d’hors de l’ambassade ou est-ce qu’il sait que ce symbole ne sert à rien ?

Mais le plus illogique de cette histoire c’est que la casquette portée le logo d’une marque américaine. J’ai ne rien contre le fait d’utiliser ou pas des marques, ça fait partie de la liberté d’expression, mais le fait qu’une personne à Paris porte une casquette qui coûte 1/8 du salaire minimum au Venezuela pour soutenir la révolution socialiste me paraît comme même un peu facile et irréaliste.

Peut-être donc que la fragilité de cette révolution repose sur le manque de conviction de ses sympathisants et sur les incongruités entre ses discours et ses actions.

lundi 16 février 2009

La victoire de pétro-dollars

Et oui, il a gagné. Mais surtout la démocratie a perdu.

C’est la deuxième fois que les vénézuéliens votent pour la même raison. En 2007, cette réforme n’a pas était approuvée. Mais qu’est-ce qui a changé cette fois-ci ?
D’abord, Chavez a dû changer sa stratégie. Il a dû élargir la mesure de réélection illimitée à d’autres postes publiques : maires, gouverneurs, députés. En 2007, la mesure étais seulement destinée au président de la république, ce qui n’a pas plu à beaucoup des ces fiels collaborateurs. Aujourd’hui, chaque un a trouvé un intérêt à que cette reforme soit approuvée.

Puis, il a eu la hausse des prix du pétrole en 2008. Chavez a utilisé cet argent pour faire de la propagande. Dans les rues de Venezuela, on pouvait voir les murs tapissés des affiches en faveurs du « oui », tandis que la propagande pour le « non » était très peu. C’est n’est pas parce que l’opposition n’a pas le droit d’afficher de la propagande, c’est seulement parce que l’opposition ne dispose pas des mêmes moyens financiers, voir l’argent public.

La plus grande ironie, c’est que l’argent qui a servi à Chavez pour gagner cette élection vient en grande partie des Etats-Unis, le plus grand client du Venezuela en matière du pétrole. Précisément contre qui se tient le discours de la révolution.

Aujourd’hui, le Venezuela devient le seul pays de l’Amérique Latine, appart le Cuba, à permettre la réélection illimitée. Même pas le président russe ne l’avait osé.

dimanche 15 février 2009

La réélection indéfinie

Le problème n’est pas de pouvoir réélire le président Chávez indéfiniment, le problème est de pouvoir réélire n’importe quel président indéfiniment. Bolivar, notre héro national que Chávez a pris comme modèle mais que nous étudions à l’école bien avant qu’il n’arrive au pouvoir, a dit dans son discours à Angostura en 1819 : "Rien de plus dangereux que de laisser un citoyen trop longtemps au pouvoir, il s’habitue à gouverner et le peuple s’habitue à l’obéir" C’est la consigne qui a pris l’opposition pour cette élection.

J’imagine la suite. Vous allez me dire que c'était le cas en France jusqu'à il n'y a pas longtemps. J’en suis consciente, mais il y a deux différences fondamentales. La première c’est que vous avez un régime parlementaire. La deuxième, c’est qu’au Venezuela l’argent du pétrole est géré par le gouvernement. Avec la propagande qu’on peut payer avec cet argent, dans un pays où la corruption est très importante, le système de justice ne marche pas et l’éducation n’a jamais était une priorité, n’importe quel président, Chávez ou quelqu'un d'autre, sera réélu à vie.

samedi 14 février 2009

Pourquoi ce blog ?

À la veille du referendum pour l’amendement constitutionnel qui permettra au président vénézuélien Hugo Chávez de pouvoir être réélu à vie, j’ai finalement décidé de commencer ce blog. Je ne cherche pas forcément à émettre une opinion politique, je cherche d’abord à décrire la réalité vénézuélienne, qui est souvent difficile à saisir quand on n’habite pas sur place, et surtout quand les informations disponibles sont très contradictoires en fonction des opinions politiques.

Pourquoi l’écrire en français ? c’est très simple, la plupart des personnes qui parlent espagnol (ma langue maternelle dans laquelle, évidemment, il me serait plus simple d’écrire) connaît déjà cette réalité, ou ils sont capables, si intéressés, de se forger leur propre opinion en lisant les journaux hispanophones. Mon intention est de faire connaître la réalité vénézuélienne aux gens du pays où j’habite maintenant ; vue par quelqu’un que de par ses opinions, a été suivant traité de pas assez contre le gouvernement par ces opposants, et de anti-gouvernement par ses partisans. La réalité est que je fais partie d’une classe salariée vénézuélienne souvent oubliée dans les analyses sur mon pays, mais je fais aussi partie des personnes qui pensent qu’un changement était nécessaire en 1998 quand Chávez est arrivé au pouvoir, mais qui pense qu’un discours socialiste ne suffit pas, qu’il faut faire bouger les choses.

J’espère que cet essai trouvera des lecteurs parmi ceux qui ne se contentent pas de croire tous qu’on dit dans les media.